Trop bon ! Dimanche en cuisine, semaine paisible
Préparer tous les dîners de la semaine durant le week-end, c’est le principe du “batch cooking”, qui séduit les urbains pressés… de manger sain
C’est le spleen en cuisine : après une rude journée, voilà qu’il faut en plus trouver une idée pour le dîner. La solution du « batch cooking » (littéralement « cuisine par lots » en anglais) pourrait bien remonter le moral des mélancoliques du soir. Cette méthode consiste à élaborer à l’avance tous les plats de sa semaine, en seulement deux heures le dimanche – il n’y a ensuite plus qu’à s’activer dix minutes avant le repas les jours suivants. Le phénomène est apparu sur Instagram sous le hashtag #mealprep. On peut y contempler des mosaïques de Tupperware regorgeant de riz au brocoli, de bâtonnets de carottes ou de salades de légumineuses – parfois accompagnées d’indications sur le poids précis des préparations ou sur le nombre de calories par portion. Car le batch cooking a d’abord conquis les adeptes américains du fitness et du bien-être, à la recherche d’un contrôle poussé de leur alimentation.
En France, c’est plutôt le souhait d’une meilleure organisation et d’une rationalisation du temps – et ainsi se libérer l’esprit ? « Le fait de préparer ses repas à l’avance n’est pas nouveau, concède l’auteure culinaire Keda Black. Cependant, appliquer un planning de recettes de manière ultrarigoureuse, chapitre après chapitre, c’est une approche nouvelle pour les Français, qui préfèrent souvent se débrouiller. » Dans un contexte de scandales agroalimentaires réguliers et de méfiance à l’égard des produits ultratransformés de la grande distribution, on valorise la cuisine maison et l’on éprouve le besoin d’être guidé et rassuré. Pile ce que proposent les nombreux ouvrages parus sur la technique des lots. De son côté, Pascale Weeks, auteure de « Batch Cooking » (éd. 750g), souligne les atouts économiques et anti-gaspi de la démarche : « Une liste de courses pour cinq dîners destinés à quatre personnes revient à 50-60 € [contre 90 € en moyenne, NDLR]. Et les ingrédients – aussi bien la barquette de feta que le bocal de châtaignes – sont intégralement utilisés dans les recettes. » Et que répondre aux sceptiques qui crient à la mort de la cuisine instinctive ? « Ça n’empêche sûrement pas de créer des condiments ou ses propres astuces pour améliorer les plats », réplique Keda Black. Voilà une belle mise en boîte.