LE MONDE INTELLIGIBLE DE PLATON
Platon, c’est l’archétype du philosophe, celui à partir de qui tout commence. Elève de Socrate, il est le premier à avoir donné au mot « philosophie » son sens actuel : la recherche de la vérité par l’activité intellectuelle. Né en 428 ou 427 av. J.-C., mort en 348 ou 347, issu d’une famille aristocratique, il a vécu l’apogée de la civilisation grecque et de la démocratie athénienne, mais n’en a nullement été le chantre. Une partie importante de son oeuvre – qui prend la forme de dialogues entre des personnages défendant des idées contradictoires – est consacrée à la critique de la démocratie, qu’il voit comme le règne de « l’opinion » (la doxa, en grec). Platon n’avait aucune confiance dans le peuple, qu’il qualifiait de « gros animal », et appelait de ses voeux un régime aristocratique guidé par la figure du philosophe. Car, au coeur de sa pensée, il y a l’idée que, derrière le « monde sensible », perceptible par tous, se dissimule un autre monde, le « monde intelligible », auxquels seuls quelques initiés auraient accès. Dans « la République », le mythe de la caverne montre les humains entravés aux poings et aux chevilles et condamnés à prendre pour la réalité des jeux d’ombres projetés sur la paroi. Seul le philosophe parvient à défaire ses liens et s’extrait de la grotte pour contempler la source de ces reflets : le « soleil des Idées ». Platon tenta d’appliquer ses principes de gouvernement en devenant le conseiller du tyran Denys de Syracuse, mais l’expérience tourna court et il fut emprisonné à deux reprises. Son influence fut profonde et plusieurs catégories qu’il a forgées demeurent au fondement de la pensée occidentale, comme le Vrai, le Juste, le Beau, ou encore l’opposition de la science et de l’opinion.