DR MABUSE, I PRESUME ?
Longtemps, au cinéma, ils se sont levés de bonne heure pour faire leur boulot de dingue dangereux, de préférence obsédés par le pouvoir, la destruction ou la banale envie de devenir Dieu. Les toubibs, dans les films, sont (presque) systématiquement des crapules maléfiques, qui vendraient leur chat bien-aimé pour une ogive nucléaire. Des exemples ? Le Dr Mabuse, campé par Rudolf Klein-Rogge dans le film de Fritz Lang (1922), un psychologue maboul, veut être un génie du mal dans l’Allemagne du traité de Versailles (il aura bientôt de la concurrence). Viennent ensuite, en rangs serrés : le Dr Fu Manchu, canaille orientale (Boris Karloff ), Frankenstein (Colin Clive), Caligari (Werner Krauss), Jekyll (Fredric March), Moreau (Charles Laughton), Phibes (Vincent Price), Folamour (Peter Sellers), et, bien sûr, Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), mauvais comme la pelade. Côté gentils médicastres (il y en a), citons Pierre Fresnay (« le Corbeau »), Jean Gabin (« le Cas du Dr Laurent »), Rex Harrison (« Docteur Dolittle ») et Omar Sharif (« le Docteur Jivago »). Dans les années 1930 et 1940, le Dr Kildare (Lew Ayres) fit battre le coeur des ménagères américaines (il était sympa), puis, lors des fifties, le héros des romans d’André Soubiran, le Dr Nérac (six volumes dans la série des « Hommes en blanc »), fut interprété par Raymond Pellegrin. Pour mémoire, trois carabins grandioses : les deux chirurgiens de « M*A*S*H », Elliott Gould et Donald Sutherland, et notre favori, Doc Rumack (Leslie Nielsen), qui a quelques répliques immortelles dans « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » : « Capitaine, quand pourrons-nous atterrir ? – Je ne peux pas dire. – Vous pouvez me le dire. Je suis docteur. »