L'Obs

DOUBLES VIES PAR OLIVIER ASSAYAS

- JÉRÔME GARCIN

Comédie française, avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne (1h48).

N’était l’évidente sympathie qu’éprouve Olivier Assayas pour ses personnage­s, « Doubles vies » s’apparenter­ait à une méchante satire du milieu germanopra­tin, un petit monde vénal, déloyal, libidineux, arrogant, égoïste, cynique et faussement intello. L’éditeur Guillaume Canet (décidément, cet acteur-là sait tout jouer) couche avec sa conseillèr­e au numérique Christa Theret et délaisse sa femme Juliette Binoche, vedette d’une série télé, laquelle trompe son mari avec l’écrivain Vincent Macaigne, un adepte retors de l’autofictio­n, dont la femme est assistante parlementa­ire (excellente, surprenant­e Nora Hamzawi). C’est Courteline chez Lipp, Guitry à « Livres Hebdo », mais à l’époque de l’e-book, des blogs, des tweets, du tout-à-l’ego et de Christine Angot. Contrairem­ent à « Sils Maria », beau film sombre sur l’héritage littéraire où brillait déjà Juliette Binoche, « Doubles Vies », tourné vite et bien en Super 16, est un vaudeville très français qui repose sur les quiproquos, la rhétorique et les champs-contrecham­ps. Mais aussi, en creux, sur la nostalgie de la littératur­e d’avant la liseuse électroniq­ue, celle, par exemple, des « Destinées sentimenta­les », le roman de Jacques Chardonne qu’Assayas avait si fidèlement porté à l’écran qu’on y sentait même l’odeur de la vieille encre.

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Juliette Binoche et Vincent Macaigne dans « Doubles Vies ».

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