L'Obs

La folie K-Food

Avec ses plats emblématiq­ues, la Corée a su exporter sa cuisine sur la scène gastronomi­que internatio­nale. Les Français sont conquis

- Par ANNE-LAURE PHAM

C’est un des signes qui ne trompent pas : en quelques mois, l’appli de livraison Deliveroo a constaté une augmentati­on record de 65% de commandes K-Food (pour korean food) dans le monde. En un mot, les urbains en quête d’exotisme adorent. « La cuisine coréenne conjugue le côté gras de la cuisine chinoise et le côté sucré tant apprécié des Japonais », résume Luna Diogène, auteure et chef coréenne. Acclamé pour sa simplicité rassurante dans les grandes villes, le bibimbap – plat de riz et de légumes variés parfois accompagné de viande – a acquis un statut d’icône. Idem côté barbecue avec le bulgogi, fines tranches de viande marinée grillées, et son incontourn­able kimchi (chou pimenté fermenté) ou d’autres multiples banchan (accompagne­ments à partager). S’il bénéficie des effets d’une mondialisa­tion vibrante, ce triomphe a, néanmoins, bel et bien été programmé. « Dès 2007, le gouverneme­nt de Corée du Sud a amorcé sa promotion de la culture culinaire, mobilisant en France de nombreux blogueurs », poursuit Luna Diogène, auteure aussi du blog La Table de Diogène est ronde. Enfin, il faut bien admettre qu’outre la littératur­e ou le cinéma « la K-Pop [genre musical de chansons sucrées prisées par les jeunes génération­s, NDLR] a également contribué à mettre en lumière la Corée », explique-t-elle.

Pari quasi réussi puisqu’aujourd’hui « on compte 186 restaurant­s coréens dans toute la France métropolit­aine dont 93 dans la capi- tale », précise Minho Kim, président du Korea Agro-Trade Center à Paris. La France coiffe même au poteau le Royaume-Uni, jusqu’à présent le pays européen le plus fourni en tables coréennes. « Les Français sont déjà habitués aux goûts liés à la fermentati­on, notamment grâce aux fromages. C’est facile de les convaincre que la cuisine coréenne ne se résume pas à des plats hyper épicés », observe Pierre Sang, Français d’origine coréenne ayant ouvert son premier restaurant parisien en 2012. Il s’est ainsi réappropri­é une partie de son identité grâce à son épouse Heejin et à quatre chefs coréens employés dans ses restaurant­s. Algues, nouilles instantané­es, boissons et mandu (raviolis) demeurent les principaux produits importés en France en 2018. Mais côté curiosités, on pioche volontiers parmi les omija (baie rouge acidulée), kkaetnip (feuille cousine du shiso japonais) ou le redoutable makgeolli (alcool de riz). Prochaine étape : l’adaptation de plats pour les Français, comme le samgyetang, poulet entier servi dans un bouillon au ginseng. Masiké deuséyo (bon appétit) !

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