UN PROCÈS EXEMPLAIRE ET SALUTAIRE
Ce fut un grand procès, que celui qui s’est tenu du 7 au 10 janvier, devant le tribunal correctionnel de Lyon. Emouvant. Passionnant. Parce qu’aux témoignages bouleversants des victimes du père Preynat répondirent des débats de grande qualité sur la gestion du « cas » de ce prêtre pédophile. Le cardinal Barbarin a failli : même ses avocats l’ont reconnu. Mérite-t-il pour autant d’être condamné ? Qu’aurait dû faire l’Eglise ? Fallait-il dénoncer les faits à la justice, mettre l’affaire sur la place publique, alors même que les victimes, tous des quadragénaires bien installés, avaient choisi, jusque-là, de garder le silence, y compris, pour certains, auprès de leur famille ? C’est en partie pour cette raison que le procureur de la République a finalement requis un non-lieu. Le tribunal rendra sa décision le 7 mars. « A ton avis, Barbarin sera-t-il condamné ? » me demande-t-on souvent. J’ai envie de répondre « peu importe », puisque enfin cette « parole libérée » a pu se faire entendre dans un prétoire. Difficile, maintenant, d’imaginer que ce procès ne sera pas un électrochoc pour l’Eglise de France et ses représentants (ceux-ci ayant, dans l’affaire Preynat, préféré faire l’autruche, plutôt que d’affronter la « réalité » des violences sexuelles commises contre des enfants). Lors des audiences, il fut beaucoup question du film d’Ozon. Il nous a presque semblé, par moments, que les prévenus – Barbarin et cinq personnes ayant eu à travailler sous sa responsabilité – craignaient davantage l’impact de celui-ci sur l’opinion publique que le verdict du procès. Comme s’ils pressentaient que le réalisateur s’était bien gardé, lui, de retenir les « circonstances atténuantes ».