DEUX FILS PAR FÉLIX MOATI
Comédie française, avec Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Mathieu Capella, Anaïs Demoustier (1h30)
Bienvenue dans la famille des mégalomanes. Une famille sans mère (les femmes seraient-elles donc exemptées de folie des grandeurs ?). Le père, Joseph (Benoît Poelvoorde, photo), est un médecin dépressif qui décide de troquer le stéthoscope pour la plume et donne même, dans une librairie, une lecture publique de ses pauvres brouillons. Son fils aîné, Joachim (Vincent Lacoste, photo), plus tendineux qu’un jarret de veau, feint d’étudier la psychiatrie et se répète, tel un mantra, qu’il sera bientôt « le plus grand psychanalyste du monde ». Et le cadet, Ivan (Mathieu Capella, petit prodige de 13 ans, photo), s’initie au mysticisme et à l’érotisme, oscillant avec une précoce gravité entre le pieux et le pieu. Les trois, pareillement ridicules et touchants, sont inséparables. Le premier long-métrage, très réussi, de l’acteur Félix Moati, 28 ans, épatant dans « Gaspard va au mariage », est un éloge cocasse du clan familial (sans ses deux fils, le père sombrerait), de l’idéalisme, qui dédommage de la vie réelle, et, dès la scène d’ouverture dans un magasin de pompes funèbres, de l’humour woodyallénien. Le scénario, coécrit par Florence Seyvos, la romancière du « Garçon inclassable », ajoute à ce film d’hommes une troublante délicatesse.