Cantor, artiste nature
CARTE BLANCHE À MIRCEA CANTOR, MUSÉE DE LA CHASSE ET DE LA NATURE, PARIS-3E ; 01-53-01-92-40. JUSQU’AU 31 MARS.
C’est plus qu’une carte blanche, c’est une carte multicolore. A l’occasion de la saison France-Roumanie 2019, Mircea Cantor investit les espaces du Musée de la Chasse et de la Nature. Le parcours est ingénieux : au milieu des pièces de la collection permanente, il intègre des oeuvres de l’artiste (né en Roumanie en 1977), des pièces et objets venus notamment du Musée national du Paysan roumain de Bucarest et des créations d’artistes contemporains qui, comme Cantor, ont été formés à l’université d’art et d’esthétique de Cluj-Napoca. Un mur de masques (photo ci-dessous), utilisés lors de fêtes populaires, ouvre le bal : réalisés dans les matériaux les plus divers (fourrures et cornes d’animal, textiles, plumes, laine), ils symbolisent les figures de l’ours, du cochon mais aussi du patron de bistrot, du cocu ou de l’ivrogne. De magnifiques dessins à l’encre de Cantor, des masques également, répondent à cette parade grotesque et joyeuse. Deux vidéos de l’artiste nous plongent dans un univers animal surprenant et poétique : « Aquila non capit muscas » montre l’énigmatique ballet d’un aigle qui fond sur un drone (et le met en pièces), tandis que « Deeparture » met en scène l’étrange cohabitation d’un loup (hésitant, penaud) et d’une biche (méfiante, indécise) dans une pièce entièrement blanche. Au fil des salles, on découvre de grands textiles tissés aux couleurs chatoyantes, des masques-costumes d’animaux, un tambour-traîneau : autant de pièces témoignant des liens unissant le monde animal et les arts populaires. Au deuxième étage, une salle rassemble des tableaux (principalement) d’artistes évoquant, sur le mode fantasmagorique, le monde de la chasse et des animaux. Entre arts populaires et création contemporaine, le courant passe : Mircea Cantor a fait un beau mariage roumain.