La dernière bataille contre l’Etat islamique
C’était le 15 février, à Baghouz, village perdu dans le désert syrien tout près de la frontière avec l’Irak. Depuis deux semaines, Lorenzo Meloni, photographe à l’agence Magnum, accompagne un bataillon chargé d’éradiquer le dernier bastion de l’« Etat islamique » (EI), l’unité Qasmilo des Forces démocratiques syriennes (FDS), composée de Kurdes et d’Arabes. « A un moment, le commandant m’a dit : “C’est fini, la bataille est finie”, puis il a ajouté : “Il ne reste plus qu’à ‘nettoyer’ les maisons et quelques tunnels”, rapporte Lorenzo Meloni dont “l’Obs” publie le reportage. Quoi qu’en dise Trump, j’ai vu de mes yeux qu’il n’y avait plus de combat, que Baghouz était tombé. »
« En face de nous, poursuit le photographe, il y avait quelques centaines de combattants, beaucoup d’étrangers, des Russes, des Tchétchènes, des Européens. Ils étaient très jeunes, super-armés avec des missiles portables antichars et n’avaient peur de rien, et pas même de mourir. Certains se précipitaient contre des soldats pour se faire exploser, la nuit surtout. » La bataille a été d’une intensité rare : « Selon les Américains, ce village de rien du tout a reçu 179 frappes aériennes. Malheureusement, il y avait beaucoup de civils, des femmes, des enfants, les familles des combattants. » Une des pires batailles qu’ait vécues ce photographe de guerre de 35 ans, qui a pourtant couvert les conflits en Libye, en Irak ou au Yémen.