“LE FUTUR LIVRE DE CHEVET SECRET DES PRÉLATS”
Par Marco Politi, vaticaniste italien, auteur de « François parmi les loups » (Philippe Rey, 2015).
Ceux qui vivent à Rome savent bien que le pourcentage des homosexuels au Vatican est plus élevé que dans d’autres institutions internationales. Et à mon avis, « Sodoma » deviendra le livre de chevet secret de nombreux prélats. Il est vrai aussi que souvent l’homophobie publique de certains couvre un mode de vie homosexuel. Néanmoins la culture de l’omerta dans l’Eglise n’est pas réservée aux homosexuels, elle est largement pratiquée s’agissant des relations hétérosexuelles, des soupçons de pédophilie ou de malversations financières. Il est surtout important de comprendre – comme le livre le confirme – qu’il n’y a pas un lobby gay comme force organisée, cela est un mythe. Il existe en revanche un réseau de clans divers, autour desquels se joue aujourd’hui une bataille politique contre la ligne réformiste du pape François : ceux dans la hiérarchie qui ont gardé le silence pendant des dizaines d’années s’indignent maintenant et diffusent le bruit que ce pontificat serait trop libéral et ouvrirait la porte au « péché ». Mais après « Sodoma », l’Eglise doit se préparer à une autre vague de scandales : un #Metoo des femmes et des religieuses victimes d’abus sexuels par le clergé. En janvier, un prêtre du Vatican, chef de bureau à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a été officiellement démis pour avoir tenté, dans les années passées, d’obtenir les faveurs d’une religieuse pendant la confession. Les femmes ont désormais moins peur du pouvoir clérical et il y a gros à parier que bientôt, depuis l’Europe et les Etats-Unis jusqu’en Inde, on assistera à une escalade de révélations.