LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN PAR DENYS ARCAND
Comédie québécoise, avec Alexandre Landry, Maripier Morin, Rémy Girard (2h09).
C’est l’histoire, à Montréal, d’un jeune docteur en philo à lunettes et principes, Pierre-Paul Daoust (Alexandre Landry), obligé d’être chauffeur-livreur pour gagner sa vie. Un jour, témoin d’un braquage sanglant dans une blanchisserie, il ne trouve rien de mieux que de partir avec les deux sacs remplis de millions de dollars. Convaincu que la philo ne sert à rien, sinon au pire (Sartre n’a-t-il pas défendu Pol Pot, et Althusser, étranglé sa femme?), Pierre-Paul décide donc de dilapider et de placer, en toute amoralité, sa nouvelle fortune. Via un site de call-girls porno, il s’offre une ravissante Aspasie (Maripier Morin), enrôle un ex-taulard doué pour le blanchiment et en appelle à un avocat spécialisé dans l’évasion fiscale. Enfin, pour mieux berner les flics qui le surveillent, il feint, le soir, de venir en aide aux SDF. Suite improbable des « Invasions barbares » et du « Déclin de l’empire américain », cette satire de l’argent roi est amusante, à défaut d’être édifiante, généreuse en clichés, dialoguée avec vivacité, bien rythmée et interprétée. Il ne lui manque qu’une chose : du style. C’est du cinéma de papa. A 77 ans, Denys Arcand n’a rien perdu de son ironie, mais il n’a toujours pas la grâce.