Beirut en Italie
GALLIPOLI, PAR BEIRUT (4AD).
On nous dit que la culture américaine a colonisé la nôtre. Pourtant, depuis plus de douze ans, un garçon né au Nouveau-Mexique n’a de cesse de célébrer les aspérités du Vieux Continent. Zach Condon a 33 ans, une trompette et un visage poupon qui tranche avec son goût pour les accordéons ayant vécu. Le nom de scène de son groupe, Beirut, pourrait donner l’impression que c’est l’Orient qui le travaille. C’est en fait un « francophile » déclaré, qui a développé des obsessions pour Jacques Brel, les fanfares funéraires siciliennes, les Smiths et Yves Montand. Ça donne un formidable orchestre « folk des Balkans », tout en cuivres, orgues et odeurs de velours côtelé. D’aucuns diront que depuis son premier album, « Gulag Orkestar » (2006), la marotte reste un peu trop fixe : Beirut fait à peu près toujours la même chose, avec le meilleur de notre grande brocante européenne. « Gallipoli », enregistré en partie en Italie, n’échappe pas à la règle. Encore de ces mélodies hyperboliques qu’on rêve de reprendre en choeur dans des rues de vieilles pierres. Mais on oublie assez vite l’idée de lui demander de changer de disque : on se contente du bonheur d’avoir, environ tous les quatre ans, un support temporaire à nos penchants nostalgiques.