A deux doigts du triomphe
J’AI PRIS MON PÈRE SUR MES ÉPAULES, DE FABRICE MELQUIOT. THÉÂTRE DU ROND-POINT, PARIS-8E, 01-44-95-98-21, 20H30. JUSQU’AU 10 MARS. PUIS EN TOURNÉE.
Magnifique, cette transposition du mythe d’Enée dans l’époque actuelle. Alors que le héros de Virgile s’enfuit de Troie, tombée aux mains des Grecs, en chargeant son vieux père Anchise sur son dos, celui de Fabrice Melquiot décide d’emmener le sien, rongé par le cancer, de Saint-Etienne au Portugal. Il lui semble que la mort, comme la misère, est moins pénible au soleil. Merveilleusement écrite par Fabrice Melquiot, montée par Arnaud Meunier dans un superbe décor de Nicolas Marié, défendue par d’excellents comédiens, parmi lesquels Philippe Torreton (photo, à droite, avec Vincent Garanger), Maurin Ollès et Rachida Brakni, la pièce nous a profondément touchés. On hésite pourtant à la recommander. En tout cas, pas sans avoir prévenu que la représentation est trop longue. On en viendrait presque à regretter que le théâtre subventionné ne soit pas soumis, comme le privé, au verdict d’un producteur. Ce spectacle soulagé d’une bonne demi-heure, on lui aurait fait un triomphe.