Comment le Mouvement 5 Etoiles s’est fait dévorer
Il y a huit mois, leur mariage contre-nature avait défrayé la chronique. La coalition gouvernementale entre deux populismes, le Mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio et la Ligue de Matteo Salvini, assemblait à la tête du pays tout ce qui semblait irréconciliable : le Sud pauvre et le Nord riche, un mouvement antisystème penchant à gauche et un parti de droite extrême très vertical. Cette improbable entente est aujourd’hui en train de se briser. Le combat des chefs entre Matteo Salvini, expérimenté, charismatique, excessif, et Luigi Di Maio, jeune, sans expérience et un peu terne, tourne à l’avantage du premier. Pendant que Matteo Salvini occupe tout l’espace politique avec ses rodomontades anti-migrants, Luigi Di Maio avale des couleuvres : il ne voulait pas de gazoduc dans les Pouilles, eh bien il y en aura un; il militait pour un ambitieux revenu de citoyenneté, il n’a fait passer qu’une allocation conditionnée à de multiples restrictions… Mécontents, ses électeurs font défection pendant que Salvini en drague de nouveaux. En huit mois, Luigi Di Maio a ainsi dégringolé de 32% à 24% des intentions de vote tandis que Salvini est passé de 17% à 35%. Le 18 février, les 5 Etoiles ont fini par rendre les armes. Ils ont refusé de lever l’immunité parlementaire de Salvini, le faisant ainsi échapper à un procès pour abus de pouvoir et séquestration de migrants dans l’affaire du « Diciotti », le navire bloqué en août au large des côtes italiennes avec 177 migrants à bord. Car désormais, sans Salvini, Di Maio n’existe plus.