L'Obs

Le bon compromis

Combinant, à la carte, un fonds en euros fiable et des unités de compte risquées, le placement préféré des Français offre des avantages fiscaux et successora­ux intéressan­ts

- L. S.

C’est réglé comme du papier à musique! Chaque année, entre janvier et mars, la publicatio­n des performanc­es des fonds en euros de l’assurance-vie s’enchaîne. Les meilleurs se font connaître rapidement, avec tambours et trompettes. Les derniers de la classe, eux, dévoilent leur taux plus tardivemen­t, et en toute discrétion. En 2018, « le taux moyen de ce support sans risque devrait naviguer entre 1,60% et 1,70%, avant frais sur primes et prélèvemen­ts sociaux. Comme prévu, c’est moins bien qu’en 2017. Inéluctabl­e, cette tendance s’explique par le bas niveau des taux, qui se maintient depuis maintenant plusieurs années et lamine les rendements des placements en produits monétaires et obligatair­es. Et c’est la première fois cette année que la performanc­e nette d’inflation est négative », commente Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, une plate-forme qui analyse ce marché.

Si l’on regarde de plus près le palmarès 2018, alors que certains contrats tutoient les 2,5%, d’autres se situent au-dessous de 1,5%. « Cette disparité s’explique notamment par des politiques de distributi­on différente­s selon les compagnies d’assurances », poursuit Cyrille Chartier-Kastler. « Certains assureurs n’hésitent pas à subvention­ner le rendement de leur fonds en euros grâce aux bons résultats de leur bilan », ajoute Guillaume Piard, président fondateur de Nalo. Ces disparités ne sont pas nouvelles et persistent au fil des ans. « Les écarts vont du simple au quadruple », comme l’a récemment souligné l’associatio­n de consommate­urs Consommati­on, Logement et Cadre de Vie (CLCV).

Un vrai paratonner­re

Certes, la performanc­e de l’assurance-vie déçoit en valeur absolue et même en valeur relative, notamment en prenant en compte l’inflation (particuliè­rement élevée en 2018). Toutefois, ce résultat s’avère un bon compromis face à d’autres placements beaucoup moins sûrs, telle la Bourse. « Certes un peu moins liquide qu’un livret A, le fonds en euros, bien que fiscalisé, rapporte plus », souligne Guillaume-Olivier Doré, président fondateur de Mieuxplace­r.com.

Placement préféré des Français, l’assurance-vie l’est aussi pour ses avantages successora­ux et sa poche « en euros ». Cette dernière constitue un vrai paratonner­re en période de gros temps sur les marchés financiers. On a pu encore l’observer pendant la dépression boursière de fin d’année. Selon la Fédération française de l’Assurance (FFA), le marché français a enregistré, en décembre, une collecte nette négative de 600 millions d’euros. Traduction : les cotisation­s encaissées par les compagnies ont été inférieure­s aux prestation­s payées aux assurés (à l’occasion de décès, de retraits, etc.). Ce mauvais score s’explique par une désa ection des épargnants envers les unités de compte, exposées aux évolutions négatives des marchés financiers, qui ne garantisse­nt pas le capital.

La carte de la diversific­ation

Epidermiqu­e, ce comporteme­nt ne doit pourtant pas trop se prolonger, une fois l’orage passé. « C’est un non-sens de cantonner la totalité de ses avoirs sur ce seul fonds qui rapporte si peu. C’est sur une longue durée que les unités de compte se révèlent les plus dynamiques et génératric­es de gains. Voilà pourquoi ces dernières doivent peser au moins 75% à 90% du capital placé dans un contrat », a rme Guillaume Piard.

Seule parade e cace pour limiter le risque : jouer la carte de la diversific­ation. L’univers des placements couvert par les unités de compte est aujourd’hui assez vaste pour y trouver un équilibre adapté à sa sensibilit­é. « L’allocation d’actifs au sein d’un contrat doit être construite sur la base des objectifs de l’épargnant (préparatio­n de la retraite, financemen­t des études des enfants, etc.) et de ses échéances », explique Guillaume-Olivier Doré. Pour plus de simplicité, certains préféreron­t s’orienter vers une gestion « clé en main » proposée par les assureurs. Cela revient à confier le pilotage de son contrat à un « pro », via un mandat de gestion, sur la base d’un profil de risque défini par avance.

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