L'Obs

L’amour du risque

Après la chute des marchés fin 2018, la Bourse offre aujourd’hui des occasions d’achat sur certaines valeurs décotées. Même si 2019 s’annonce agitée, le placement en actions offre de belles perspectiv­es de gains à plus long terme

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Fidèles à leur réputation, les marchés financiers sont impétueux et incontrôla­bles. Témoin, la calamiteus­e fin d’année 2018, quand toutes les places boursières ont dévissé durant de longues semaines. Le CAC 40 s’est alors replié de 11%. Une contre-performanc­e remarquée, après deux années dans le vert, à + 9,26% en 2017 et à + 4,86% en 2016. Dans sa dernière lettre d’informatio­n, la société de gestion la Financière de l’Echiquier souligne que « près de 95% des classes d’actifs ont sous-performé en 2018. Un phénomène que l’on n’avait pas vu depuis près de trente-cinq ans », d’où « une raisonnabl­e prudence » à observer en 2019.

Cette récente tourmente boursière a montré, une fois de plus, la nécessité pour un épargnant d’avoir des nerfs d’acier pour encaisser sans broncher une baisse de valeur de son portefeuil­le. Il doit se convaincre qu’en ces moments-là il ne perd pas d’argent tant qu’il ne vend pas. La preuve ? Le CAC a déjà repris plus de 15% en deux mois ! Néanmoins, cet épisode rappelle aussi l’éternelle règle de base concernant la Bourse : n’y placer que des sommes dont on n’a absolument pas besoin. Il ne faut surtout pas être pressé de gagner de l’argent et mieux vaut éviter d’avoir les yeux rivés sur le yoyo quotidien des cours, qui donne le tournis.

Ce placement ne peut espérer être rentable que sur une longue durée. Ainsi, en l’espace de dix ans, l’indice parisien s’est apprécié de 58%. « Même si, depuis début janvier, la Bourse s’est reprise, avec un gain proche de 10% e açant une bonne partie des pertes de fin d’année, ce genre de scénario va se reproduire avec, en perspectiv­e, d’autres correction­s à la clef », avertit Vincent Mortier, responsabl­e de la gestion actions chez Amundi.

Comment expliquer cette fébrilité ? Un Brexit dans l’impasse et une possible poussée des populismes aux prochaines élections européenne­s inquiètent les opérateurs. Et ce n’est pas tout. D’autres sujets alimentent la nervosité ambiante. D’abord, les perspectiv­es revues à la baisse de la croissance mondiale. Le ralentisse­ment des croissance­s chinoise et américaine, traditionn­ellement motrices, pourrait avoir des e ets négatifs sur l’ensemble de la planète. Ensuite, le manque de visibilité concernant les politiques des banques centrales. La Fed pourrait adopter une pause après son cycle de hausse des taux d’intérêt et, de son côté, la BCE ne devrait pas relever les siens en 2019. Mais rien n’est sûr avec les « Grands Argentiers » indépendan­ts. Troisième facteur : la guerre commercial­e larvée et non résolue entre la Chine et les Etats-Unis. « En cas de crise aiguë, cela risque d’avoir des répercussi­ons en chaîne », explique Alain Tourdjman, directeur des études et de la prospectiv­e du groupe BPCE. Enfin, le moindre dynamisme de la croissance européenne pourrait a ecter les bénéfices des entreprise­s. « Actuelleme­nt, les trois cycles économique, politique, monétaire se télescopen­t et vont encore participer aux évolutions erratiques des marchés », a rme Didier Saint-Georges, membre du comité d’investisse­ment Carmignac Gestion.

L’idéal : le cocktail de valeurs

Est-il indiqué d’acheter dans ce contexte de volatilité élevée ? Oui, car certains titres de grandes sociétés cotées sont désormais sous-évalués. Toutefois, si l’on se réfère au vieil adage boursier qui conseille d’« ache-

ter au son du canon et de vendre au son du clairon », l’idéal serait d’attendre la prochaine baisse. Ensuite, mieux vaudra opter pour des investisse­ments réguliers et faire ses emplettes avec parcimonie et en plusieurs fois. « Investir régulièrem­ent une même somme chaque mois ou chaque trimestre permet d’entrer à di érents niveaux de marché. Au final, on lisse les résultats et on évite les e ets de cycle », conseille Vincent Mortier.

Pour se prémunir contre les évolutions saccadées des cours, certains analystes conseillen­t en ce moment de faire une place dans son portefeuil­le à un cocktail de valeurs défensives et de valeurs de rendement. Explicatio­n : les premières (secteur de la pharmacie, de l’alimentati­on, etc.) ont un e et amortisseu­r car elles seront moins pénalisées en cas de ralentisse­ment de l’activité économique. Quant aux secondes (valeurs pétrolière­s, du luxe, foncières), elles ont la réputation de servir de généreux dividendes à leurs actionnair­es, entre 5% et 7% par an, en dépit des secousses des marchés. Avec ces titres en portefeuil­le, l’épargnant ne gagne peut-être pas sur la valorisati­on des cours mais il perçoit une rémunérati­on.

Les charmes du compte-titres

Jouer la carte des placements collectifs via des achats de parts de fonds actions non cycliques se révèle aussi une bonne parade pour diversifie­r l’investisse­ment (spécialisa­tion par zones géographiq­ues, secteurs d’activité, types de valeurs) et les styles de gestion des sociétés. Pour mémoire, les actions ou les parts d’OPCVM peuvent se loger au choix dans trois supports cumulables à volonté : le contrat d’assurance-vie via les unités de compte, le plan d’épargne en actions (PEA) ou le compte-titres.

Depuis 2018, ce dernier a retrouvé son attrait en raison d’une fiscalité plus clémente. Les plus-values sont désormais assujettie­s à la « flat tax » de 30%, alors qu’avant il fallait s’acquitter d’une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu, plus 17,2% de prélèvemen­ts sociaux. En outre, son univers d’investisse­ment est plus large que celui du PEA, limité aux seules valeurs européenne­s. Autre atout du compte-titres : il ne dispose pas de plafond d’investisse­ment, tandis que celui du PEA est fixé à 150 000 euros par personne.

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