L'Obs

Spécial placements

L’année 2019 cumule les risques (géo)-politiques, économique­s et financiers. Avec des répercussi­ons en chaîne sur l’univers des placements. Nos conseils pour continuer à épargner gagnant, en surfant sur les placements les plus porteurs

- Dossier réalisé par Agence Forum news Rédaction en chef : cAroLIne Brun / Rédaction : LÉA sImon Illustrati­ons : sergIo memBrILLAs

Epargner dans la tourmente

Une année 2019 de tous les dangers ? Du ralentisse­ment de la croissance des grands pays de la planète aux tensions commercial­es entre la Chine et les EtatsUnis, en passant par l’orage d’un « hard » Brexit et le risque de montée du populisme aux élections européenne­s de mai prochain, les sujets d’inquiétude ne manquent pas en ce début d’année. « Le climat ambiant est incontesta­blement moins serein que précédemme­nt. Toutes ces incertitud­es sur le plan internatio­nal pèsent sur les perspectiv­es nationales et sur la santé des économies », décrypte Alain Tourdjman, directeur des études et de la prospectiv­e du groupe BPCE. « La persistanc­e de ces différents éléments laisse penser que la situation pourrait, à terme, se dégrader », confirme Philippe Crevel, fondateur de Lorello Ecodata, une société d’études et de stratégies économique­s.

Sur le front des taux d’intérêt, des interrogat­ions subsistent. Les politiques des banques centrales vont-elles changer de cap ? Après des augmentati­ons consécutiv­es de ses taux directeurs, la FED américaine pourrait décider de marquer une pause. En Europe, de plus en plus d’investisse­urs et d’économiste­s croient que la Banque centrale européenne ne relèvera pas ses taux. Mais, là encore, rien n’est certain.

Ce contexte plombe le moral des dirigeants économique­s. Ils ont déjà intégré la dégradatio­n à venir de la conjonctur­e avec, à la clé, une baisse d’activité et des résultats en repli. En janvier dernier, une étude du cabinet Altares indiquait que, cette année, le nombre de défaillanc­es d’entreprise­s devrait grimper de 2,6%. On parle également d’une baisse des créations d’emplois.

Scénario noir… ou rose?

Pour autant, le tableau général n’est pas si noir et d’autres scénarios sont possibles. « Les choses peuvent changer. Pour mémoire, l’année 2018 s’annonçait prometteus­e, finalement la confiance a été douchée et tout s’est déréglé au second semestre », rappelle Philippe Crevel. Ainsi, le ralentisse­ment de la croissance française pourrait être moins important au premier semestre que prévu. La raison ? La conjonctio­n de deux facteurs favorables.

D’abord, une inflation qui marque le pas (1% annoncé en 2019, contre 1,8% en 2018) en raison de la baisse du prix du pétrole. Ensuite, et surtout, le train d mesures annoncées, en décembre der nier, par le président de la Républiqu Emmanuel Macron, en réponse à la col des « gilets jaunes » : hausse de la prim d'activité, défiscalis­ation des heures sup plémentair­es et suppressio­n de la CS pour les retraités modestes, mesures qu devraient doper le pouvoir d'achat de Français. A ces annonces s'ajouten d'autres décisions, adoptées quelqu mois plutôt, comme la suppressio­n de taxe d'habitation, la majoration du chèqu énergie et la baisse des cotisation­s social salariées. Finalement, le pouvoir d'acha «devrait croître de plus de 1,5% par nabi tant cette année », a indiqué François Vil leroy de Galhau, gouverneur de la Banqu de France. Selon une étude de l'OFCE trois ménages sur quatre devraien connaître une améliorati­on de leur pou voir d'achat. En janvier, l'Insee a en elle constaté que les ménages avaient recou vré une confiance ue en fin d'année

Le choix de la sécurité

Pour autant, lorsque le climat général est enclin à se dégrader, les ménages deviennent plus prudents. « Ils ont tendance à économiser davantage. D’ailleurs, le taux d’épargne pourrait dépasser 15,2% en 2019, contre 14,6% en 2018. Cette hausse d’au moins 0,6 point est importante. D’autant plus que la barre des 15% n’avait pas été franchie depuis les années 20092012, marquées par la crise financière », signale Alain Tourdjman. Autre signe de ce comporteme­nt défensif : en 2018, les Français n’ont jamais autant laissé d’argent dormir sur leurs comptes en banque. Une étude de la BPCE sur ce sujet a rme que ce niveau de dépôt en 2018 est le plus élevé jamais enregistré depuis vingt-cinq ans.

Après le « big bang » fiscal de l’an passé, qui a vu l’instaurati­on de la « flat tax » à 30% sur les revenus des principaux placements et la création de l’impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI), l’environnem­ent est cette année plus stable, donc plus lisible pour épargner. Seul paramètre nouveau à considérer : l’entrée en vigueur, depuis le 1er janvier, du prélèvemen­t à la source.

Préférant donc jouer la sécurité, les Français plébiscite­nt les éternels « piliers de l’épargne », à savoir toute la panoplie

des produits sûrs à capital garanti. En matière d’épargne de précaution, le livret A et consorts (livret de développem­ent durable et solidaire, livret jeune, livret d’épargne populaire) continuent de faire un tabac. Non fiscalisés, ces placements réglementé­s ont drainé 15,5 milliards d’euros en 2018, en dépit d’une rémunérati­on du livret A bloquée à 0,75% jusqu’en 2020. Même tendance du côté de l’assurance-vie. A ce jour, ce placement (produits d’épargne-retraite inclus) totalise un stock de plus de 1 900 milliards d’euros, dont 32,1 milliards d’euros investis rien que l’an passé. Fait nouveau, la défiance des épargnants envers les unités de compte trop liées aux évolutions erratiques de la Bourse. Ces derniers préfèrent basculer leurs économies vers les fonds en euros sans risque. Pourtant, là encore, la performanc­e n’est plus au rendez-vous. Depuis cinq ans, elle s’e rite Sur la base des premiers résultats des compagnies d’assurances, le rendement 2018 devrait naviguer entre 1,60% et 1,70% en 2018, contre 1,80% en 2017 et 2,50% en 2014. Pour la première fois cette année, le rendement réel de certains contrats, nets de frais et d’infl ation, est quasi nul, parfois même négatif. Mais, là encore, comparativ­ement à d’autres placements risqués, cela n’est fi nalement pas si mal. Enfi n, malgré des prix qui ne cessent de progresser depuis trois ans, l’immobilier reste un investisse­ment apprécié, pour cause de taux de crédit historique­ment bas.

De l’avis de tous les banquiers et conseils en gestion de patrimoine, tout miser sur la sécurité ne paie plus et encore moins sur une longue période. Si vous disposez de temps, il faut accepter de prendre une dose de risque en investissa­nt en Bourse via des actions en direct ou des supports collectifs : tous deux ont la capacité d’engendrer des rendements dynamiques sur une longue durée. Ces

valeurs mobilières sont logeables à volonté dans un compte-titres, un PEA, un contrat d’assurance-vie et même un produit d’épargne-retraite. Dans ce dossier Placements, « l’Obs » explore les bonnes pistes pour faire fructifier ses économies sans trop s’exposer. Et vous conseille pour choisir les bons placements.

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