“Salvini est isolé en Europe”
L’ancien Premier ministre italien, ex-président de la Commission européenne, Romano Prodi, est très sévère pour le leader de la Ligue
La crise aiguë dans les rapports franco-italiens a-t-elle un sens? Aucun. Quand on se met à utiliser la politique étrangère pour des raisons de politique intérieure, tout le monde y perd. Des deux côtés. Mais l’Italie un peu plus que la France. Parce qu’elle subit les choix pathologiques d’une force politique qui va rencontrer en France un groupe de manifestants violents, lesquels s’opposent à un président démocratiquement élu, Emmanuel Macron. C’est le Mouvement 5 Etoiles. Et la Ligue? Avec une superficialité et une incompétence équivalentes, elle a choisi elle aussi de faire la guerre à la France. A l’Allemagne et aux Pays-Bas également. L’ennui, c’est que piégée par sa logique électorale à court terme, elle isole de plus en plus l’Italie. Car elle n’a aucun allié possible même parmi les nationalistes de l’Est, lesquels critiquent l’Europe, certes, mais ne la lâcheraient jamais, ne fût-ce que pour les subsides qu’elle leur a assurés. En fait, ils ont su tirer, eux, les leçons du Brexit. Ce Brexit qui a un seul mérite : avoir prouvé que l’Europe existe. Dans ces conditions, le souverainisme pourrait-il triompher le 26 mai ? Jamais de la vie. Les souverainistes auront à peine 140 élus sur les 705 que comptera le Parlement. Une définition du populisme italien : « préfascisme », « plébéisme »? Chaque jour qui passe, c’est un mot un peu plus dur qui me vient à l’esprit. On peut dire en tout cas qu’on assiste à un éloignement progressif des principes de la démocratie libérale.