Rembrandt est vivant
TOUT REMBRANDT, RIJKSMUSEUM, AMSTERDAM ; WWW.RIJKSMUSEUM.NL. JUSQU’AU 10 JUIN. A LIRE (EN ANGLAIS) : “REMBRANDT, BIOGRAPHY OF A REBEL”, PAR JONATHAN BIKKER, RIJKSMUSEUM, 220 P., 25 EUROS.
Comme le temps passe vite ! Rembrandt, né en 1606, est mort il y a trois cent cinquante ans, en 1669. Les Pays-Bas célèbrent cet anniversaire dans tout le pays à travers une vingtaine d’expositions liées à son oeuvre et aux grandes figures du Siècle d’or. A Amsterdam, l’événement principal a pour cadre le Rijksmuseum qui joue sur les mots en laissant entendre qu’il organise une rétrospective. De fait, ce sont tous les Rembrandt appartenant à ses collections qui sont exposés : soit une vingtaine de tableaux emblématiques (« la Fiancée juive », « le Syndic de la guilde des drapiers », « Paysage avec un pont de pierre »). Sont réunis aussi les majestueux portraits de « Maerten Soolmans » et « Oopjen Coppit », récemment restaurés après leur achat (le premier par le Rijks, le second par le Musée du Louvre) cependant que la « Ronde de nuit » n’a pas quitté la salle qui lui est réservée au sein des collections permanentes. La véritable découverte tient aux gravures et dessins qui sont rassemblés, somptueuse mosaïque qui nous transporte au coeur de l’atelier du maître. C’est là qu’il dessine ces personnages aperçus dans la rue, vieillards, mendiants, musiciens. Un homme en train de pisser debout, une femme faisant la même chose accroupie deviennent aussi les sujets de cette galerie dominée par la vivacité du trait. Les nombreux autoportraits (dessins ou gravures) traduisent cette recherche constante de l’expression des visages, des attitudes. Pour Rembrandt, le corps est un parchemin dont il nous fait lire la vérité. Ses nus féminins sont d’une grâce mélancolique, marqués par le temps mais toujours hantés par une beauté paisible. Et quand il représente son fils Titus revêtu d’un habit de moine, la pâleur qui hante son visage nous livre le secret de son art flamboyant : c’est la lumière et l’ombre.