L'Obs

SOCRATE OU LE DÉSIR DE SAGESSE

- Par MARION BET

Ce philosophe-là était humble : « Je ne sais qu’une chose c’est que je ne sais rien. » Laid aussi : à juger de son apparence, « vous n’en auriez donné une pelure d’oignon », affirme Rabelais. Socrate naît vers 470 av. J.-C. et meurt en 399 av. J.-C. Sa mère était sage-femme et sa méthode philosophi­que, la maïeutique, consiste à faire « accoucher » les esprits. Il se promène – hirsute et sans chaussures – dans la ville d’Athènes, et interpelle les jeunes gens. A celui-là il demande ce qu’est le Beau. A cet autre, ce qu’est le Bien. Son école philosophi­que, c’est l’agora, où se réunissent les citoyens pour discuter. Socrate s’efforce aussi de susciter le désir chez les jeunes garçons qui l’entourent, car l’attrait érotique, pour lui, est un moyen d’accéder à la connaissan­ce : en désirant le sage, on finit par désirer sa sagesse. Sa conception de la vertu et de l’éducation citoyenne est exigeante, ce qui le conduit, dans un passage célèbre de la « République », à vouloir chasser de la cité les poètes et les acteurs, accusés d’imiter les choses les plus immorales. Toute sa vie, il aura refusé d’écrire. Fixer la pensée lui semble une absurdité. C’est Platon, son disciple, qui s’en chargera. La fin est tragique : accusé de ne pas honorer les dieux et d’avoir corrompu la jeunesse, il est condamné à mort. Plutôt que de s’enfuir comme le lui proposent ses amis, il dialogue une dernière fois avec eux sur l’immortalit­é de l’âme, puis il boit la ciguë, préférant mourir en accord avec sa philosophi­e. Et ne pas déroger aux arrêts de la cité, car l’injustice « est dans tous les cas pour celui qui la commet un mal et une honte ». « Apprendre à philosophe­r », une collection de livres pour éclairer le monde contempora­in publiée par « l’Obs », en kiosques cette semaine. Prochain volume : « Rousseau », le 7 mars.

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