DES FINANCES PUBLIQUES EXSANGUES
« Un modèle à bout de souffle », selon l’International Crisis Group (ICG). « Une économie à l’agonie » pour l’institut d’études français Xerfi. Les experts placent l’Algérie dans la zone rouge, celle de l’explosion imminente. Le pays, dont l’économie repose depuis des décennies sur le gaz et le pétrole – 96% des exportations, 60% des recettes budgétaires de l’Etat –, a subi de plein fouet la dégringolade des cours entre 2014 et 2017. « Malgré les promesses des gouvernements successifs, aucune réforme notable permettant de rééquilibrer les finances publiques n’a été mise en place ces dernières années », regrette l’ICG. Résultat : le pays ne peut plus tenir le niveau élevé des dépenses publiques. Les réserves de change s’épuisent, les caisses sont vides. Dans un pays « qui se nourrit exclusivement de subventions publiques pour acheter la paix sociale », explique Xerfi, le risque de crise grave existe. Faut-il pour autant craindre un scénario à la vénézuélienne ? Le politologue Hasni Abidi, qui estime le parallèle « exagéré », parle toutefois de « bombe économique et sociale ». Car Alger ne peut plus miser, selon les experts, sur un rétablissement du cours du pétrole : même dans ce scénario, avertit l’ICG, « la crise économique pourrait frapper le pays dès 2019 ». Les réformes sont urgentes. Et doivent être profondes. Mais elles-mêmes pourraient, par leur rigueur, précipiter l’Algérie vers un embrasement social.