L'Obs

ROUSSEAU ET LA VOLONTÉ GÉNÉRALE

- « Apprendre à philosophe­r », une collection de livres pour éclairer le monde contempora­in publiée par « l’Obs », en kiosques cette semaine. Prochain volume : « Epicure », le 14 mars.

La plateforme numérique grâce à laquelle le mouvement italien 5 Etoiles prétend faire de la démocratie directe en collectant les contributi­ons de ses membres s’appelle Rousseau. On ne saura jamais ce que l’austère citoyen de Genève aurait pensé de cette récupérati­on par le parti populiste de Beppe Grillo. Mais cela nous rappelle que, près de deux cent cinquante ans après la mort de l’auteur du « Contrat social », ses thèses restent d’une modernité brûlante. Comme son vieil ennemi Voltaire, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) occupe plus d’un chapitre dans le grand livre de l’histoire culturelle. Avec ses « Confession­s » (1782), il invente l’autobiogra­phie moderne. Avec la « Nouvelle Héloïse » (1761), il annonce le basculemen­t vers le romantisme. Et avec l’« Emile » (1762), traité d’éducation, il tient une place de choix dans l’évolution de la pédagogie. Comment oublier son rôle dans le champ de la pensée politique ? Associé aux Lumières, Rousseau en est aussi un critique. Contrairem­ent à Voltaire ou à Diderot, cet ancien camarade avec qui il se brouille à mort, il ne croit pas à la civilisati­on, au progrès. Il regrette l’heureux temps de l’état de nature, où les hommes vivaient libres et heureux. Pourtant, ce pessimisme le conduit à proposer une organisati­on de la société qui reste la matrice de nos démocratie­s. En acceptant le « contrat social », les hommes aliènent un peu de leur liberté naturelle, mais, tous ensemble, ils promeuvent un ordre fondé sur l’égalité et la justice, et qui a pour but de faire triompher la volonté générale.

Par FRANÇOIS REYNAERT

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