L'Obs

Passion impression­niste

LA COLLECTION COURTAULD : LE PARTI DE L’IMPRESSION­NISME, FONDATION LOUIS-VUITTON, PARIS-16E. JUSQU’AU 17 JUIN. RENS. : WWW.FONDATIONL­OUISVUITTO­N.FR. CATALOGUE : FONDATION LOUIS-VUITTON, 346 P., 45 EUROS.

- BERNARD GÉNIÈS

Les collection­s d’art ont toujours une histoire, glorieuse ou anecdotiqu­e. Celle de l’industriel Samuel Courtauld est vraiment très particuliè­re parce que la majeure partie de ses trésors ont été rassemblés dans des conditions qui le sont tout autant. Ils ont été réunis en l’espace d’une dizaine d’années, au cours des années 1920. Esprit curieux, il fréquente les membres du groupe de Bloomsbury (l’historien de l’art Roger Fry, l’économiste J. M. Keynes) et écoute volontiers les recommanda­tions du marchand londonien Percy Moore Turner. Ses choix le mènent essentiell­ement vers l’impression­nisme, mais pas seulement. Mettant à profit la fermeture, pour cause de rénovation, de l’Institut Courtauld à Londres, la Fondation Vuitton expose une centaine d’oeuvres de cette institutio­n. Il y a là des tableaux devenus depuis bien longtemps des icônes : « Bar aux Folies Bergère » (Manet) (photo), « la Loge » (Renoir), « Effet d’automne à Argenteuil » (Monet), « le Lac d’Annecy » (Cézanne ), « Nevermore » (Gauguin), « Autoportra­it à l’oreille bandée » (Van Gogh), « les Joueurs de cartes » (Cézanne). Sans le savoir, Courtauld acquiert même des tableaux dont on vient seulement de percer le mystère . C’est le cas de cette « Jeune Femme se poudrant », de Seurat. A l’origine, le peintre avait représenté son propre visage dans le miroir situé au-dessus du magnifique portrait de sa plantureus­e maîtresse, Madeleine Knobloch. Renonçant à cette allusion à sa vie privée, Seurat recouvrit son visage d’un bouquet de fleurs qui se révéla du meilleur effet. Avant que l’institutio­n qui porte son nom ouvre ses portes en 1932, Samuel Courtauld et son épouse Elizabeth – qui firent par ailleurs une vingtaine de dons à la National Gallery à Londres – vivaient au milieu de ces icônes. En fin de parcours, une salle documentai­re nous donne à voir, outre des documents précieux, des photograph­ies de leur incroyable intérieur. Collection­neurs, les Courtauld furent aussi attachés à transmettr­e leur passion, ouvrant les portes de leur Institut aux profession­nels du monde de l’art. Partager leurs passions : nous en voici, le temps d’une exposition, les invités.

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