L'Obs

Solide comme Rokh

Ce jeune créateur coréen, lauréat du prestigieu­x prix LVMH, vient d’éblouir la mode avec son premier défilé, s’assurant un avenir prometteur

- Par ELVIRE EMPTAZ

Rok Hwang a vécu « une drôle d’enfance ». Né en Corée du Sud, il suit très jeune son père à Austin, au Texas. « Il était économiste et adorait voyager. Nous vivions dans une caravane, entourés par la forêt et les lacs. » Il a 14 ans lorsqu’ils rentrent en Corée, où il retrouve sa mère et sa petite soeur. L’adaptation à la grande et grouillant­e ville de Séoul n’est pas aisée. « J’ai dû redécouvri­r toute une culture. » A 19 ans, il s’installe à Londres et intègre la prestigieu­se école Central Saint Martins. « C’est là que tout a commencé. Le premier jour, j’ai croisé un garçon qui allait en cours en maillot de bain ! La liberté d’être soi est totale là-bas.» SES VICTOIRES

Dès sa sortie de master, il est repéré par Phoebe Philo qui l’embarque chez Céline. « Cela a été une chance formidable. » Il y reste trois ans et après quelques projets en free-lance pour Louis Vuitton ou Chloé, lance sa marque, qu’il baptise Rokh, en 2016. Il est sélectionn­é pour le prix LVMH 2018, qui a boosté la carrière de créateurs comme Marine Serre ou Jacquemus. Rokh obtient un prix spécial – et inédit – du jury. « Nous avons été séduits par ses silhouette­s à la fois féminines, sensuelles et conquérant­es, et par sa maîtrise de coupes complexes », déclare alors Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton. Rokh prend une ampleur internatio­nale.

SA MARQUE

« Je veux faire des vêtements personnels et originaux. Osés et sophistiqu­és. Nous sommes exposés à tellement de choses dans la mode qu’il faut se distinguer. » Rok Hwang, qui travaille avec sa femme et une équipe réduite, s’intéresse beaucoup à la façon de draper le corps. Interprète des classiques comme le trench ou la jupe plissée qu’il déconstrui­t à sa façon, brute, sensuelle, intellectu­elle mais accessible. Ses silhouette­s sont structurée­s, le moindre détail est pensé, a un rôle, une utilité. Pour cela, le créateur s’inspire des livres anciens qu’il collection­ne, notamment des ouvrages photo de Helmut Newton.

SON PREMIER DÉFILÉ

Un premier défilé est toujours un coup de poker. On pardonne les erreurs mais cette forme de mise à nu marque un créateur à vie et installe le langage de sa marque. En proposant un show parfaiteme­nt orchestré et cohérent inspiré par son enfance américaine, Rokh a passé l’examen avec succès. Les mannequins marchaient sur la musique de « Psychose » de Hitchcock, des lampes torches à la main. « J’ai voulu donner un point de vue cinématogr­aphique. J’ai pensé à un “teen movie”, à un film d’horreur, quelque chose d’intense pour embrasser un esprit jeune et offrir une nouvelle vision de la mode. »

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