“Les députés ne sont pas seulement là pour relayer des demandes locales”
Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de revenir sur le non-cumul des mandats. Qu’en pensez-vous ?
Je suis contre. L’interdiction du cumul des mandats est une bonne réforme qui a permis de clarifier le rôle des parlementaires. Certes, les députés sont attachés à une circonscription, mais leur mandat est national. Ils ne sont pas seulement là pour relayer des revendications locales ou territoriales. Cette réforme a permis aux parlementaires de dégager le temps nécessaire à des missions, rarement remplies auparavant, comme l’évaluation des lois. Ce n’est pas rien.
Le cumul avec une fonction de maire n’évite-t-il pas une certaine forme de déconnexion avec le réel ?
En quoi est-on plus connecté lorsqu’on est maire que lorsqu’on est chef d’entreprise ? J’ai géré des budgets pendant des années, des masses salariales énormes. Je n’ai pas le sentiment d’avoir été déconnectée de la réalité ! Certes, les députés-maires rencontraient leurs administrés régulièrement, mais surtout lors de fêtes de village, d’enterrements, etc. Echanges conviviaux mais superficiels qui ne concernaient que rarement la compétence d’un élu. Les nouveaux députés tissent aujourd’hui un lien local en organisant des réunions thématiques, notamment sur le contenu des nouvelles lois. J’en ai moi-même animé beaucoup sur la loi Egalim ou la loi Pacte.
On reproche à la majorité LREM de manquer de flair, et notamment de relais politiques locaux, ce qui aurait peut-être permis de voir venir le mouvement des « gilets jaunes »…
Vous pensez que les maires l’ont vu arriver ? Il faut arrêter ! Il est vrai que les élus locaux ne nous connaissaient pas. Mais ce qui a nourri cette image, fausse, d’une majorité déconnectée, c’est un double phénomène : l’entrée en vigueur en 2017 de la loi sur le non-cumul et l’arrivée d’une nouvelle majorité conjuguée à un renouvellement inédit de la vie politique.
L’hypothèse d’une entorse à la loi de 2017 ne concernerait que les maires de toutes petites communes…
Cette idée sous-entend qu’il serait plus simple de gérer une petite commune. Or le maire d’un village n’a pas d’équipe, pas de directeur des services. C’est à lui de régler tous les problèmes : chauffage de l’école déficient, problèmes de voisinage, etc. Cette réforme du non-cumul est appliquée depuis seulement deux ans. Attendons un peu et évaluons-la calmement avant de la remettre en cause.
Ne serait-ce pas le moyen de donner aux édiles plus de poids politique ? Ce sont souvent ces petits maires qui rechignent à se représenter...
Le poids politique, on l’acquiert quand on a des résultats. Les maires sont les élus les plus proches des Français qui ont majoritairement confiance en eux. J’espère que c’est ce qui motivera une nouvelle génération pour reprendre le flambeau.