Le nettoyeur des océans
« Y a qu’à… », « Faut qu’on… » On connaît tous ces résolutions creuses. Mais quand, en 2012, Boyan Slat, 24 ans, proclame que « pour lutter contre les 150 millions de tonnes de déchets plastiques dans l’océan, y a qu’à aller les ramasser », eh bien, il le fait. Cet ingénieur en herbe de Delft (Pays-Bas) arrose la Terre entière d’e-mails, récolte 40 millions de dollars et crée l’ONG Ocean Cleanup qui emploie aujourd’hui 85 personnes. Son idée : un grand boudin en forme de « U », long de 100 kilomètres, se déplaçant sur l’océan et collectant tout bout de plastique grâce à des rideaux sous-marins de 3 mètres. Un procédé peu coûteux et sans incidence sur la faune marine.
Le premier essai à taille réduite (600 mètres de longueur), mis à flot à l’automne dernier au large de la Californie, devait s’attaquer aux 80 000 tonnes de plastiques qui l’encombrent. Hélas ! Système 001 (son petit nom) a eu un pépin : porté par le seul vent et le courant, il est trop lent, ce qui ne lui permettait pas de capturer les détritus. Ce premier raté a réveillé les critiques : et si l’idée de ce jeunot chevelu était juste farfelue ? Inutile, puisque l’écrasante majorité des plastiques, sous forme de microparticules, y échappe ? Pire encore, un alibi pour nous autoriser à continuer de vomir des plastiques ? Boyan Slat, d’une nature plus têtue que loquace, a sobrement commenté : « Des contretemps de cet ordre sont inévitables quand on lance une technologie nouvelle. » Et, promis, son « U » sera amélioré et remis à l’eau cette année. Fluctuat nec mergitur.