Le cauchemar des corrompus
12 mars 2018 : Robert Kalinak, le ministre de l’Intérieur slovaque, impliqué dans de nombreuses a aires de corruption, démissionne. Karolina Farská crie victoire. Trois jours plus tard, c’est au tour de Robert Fico, le Premier ministre, d’abdiquer. L’étudiante de 20 ans a réussi son pari : faire tomber le gouvernement grâce à la mobilisation populaire. Tout a commencé un an plus tôt, en février 2017. Alors qu’un énième scandale de corruption éclate au sommet de l’Etat, la jeune femme – alors lycéenne – exprime sa colère et décide d’organiser une manifestation via les réseaux sociaux. En avril, plus de 10 000 personnes répondent à l’appel et descendent dans la rue pour dénoncer les malversations. « Je m’attendais à ce qu’il y ait quelques centaines de personnes, pas plus », a confié l’étudiante. Elle ne s’arrête pas là. Les rassemblements continuent régulièrement, et partout dans le pays. Quand, en février 2018, le journaliste d’investigation Jan Kuciak et sa compagne sont retrouvés assassinés, elle décide de fonder un mouvement, Za slušné Slovensko (« Pour une Slovaquie décente »).
Originaire d’une petite ville de 25000 habitants à 90 kilomètres au nord de Bratislava, Karolina Farská ne s’est jamais démontée. Peu de gens croyaient en elle, pas même ses parents : « Ils m’ont dit que je ne devais pas essayer de changer des choses qui ne pouvaient pas l’être. » Elle leur a donné tort. Aujourd’hui, elle s’obstine à vouloir rendre la politique slovaque « éthique et morale », grâce au mouvement dont elle est le symbole.