L'Obs

ÉPICURE OU LA VERTU DES PLAISIRS

- Par MARION BET

Epicure naît vers 342 av. J.-C. et meurt en 270 av. J.-C. L’homme, malade, souffre comme un damné, mais les calculs rénaux l’inspirent : il écrit des lettres, des maximes, des sentences. Son thème de prédilecti­on ? Le bonheur. Pour l’atteindre, sa philosophi­e se montre résolument optimiste, élaborant une thérapie par les plaisirs qui procure la paix de l’âme et du corps. Ceux qui ne le lisent pas lui prêtent une vie dissolue, faite de banquets et de débauche. Pourtant, tout plaisir n’est pas bon à prendre : il faut qu’il soit sain et vertueux. Le philosophe revendique une existence paisible dans un jardin, à profiter de la nature et des joies simples. Quant à la mort, il ne sert à rien de la craindre : elle n’est qu’un « néant de sensations » puisqu’au moment où elle vient, nous n’existons plus. La parade, un peu simple, fait tout de même un peu de bien. Epicure élabore également des théories en astronomie et en physique. Les hypothèses sont farfelues, mais il pressent déjà le rôle capital de la science. Il consacre aussi quelques réflexions à la politique. Sa vision est tout sauf idéaliste. C’est seulement le besoin que nous avons de vivre ensemble qui conduit à instituer le droit, destiné à supprimer les conflits plutôt qu’à faire régner le juste. L’objectif n’est pas de rendre les individus plus vertueux, mais moins nuisibles. Jusqu’au bout, Epicure aura voulu être épicurien. On raconte qu’il mourut d’une rétention urinaire, entouré de ses amis, nu comme un ver, dans une cuve pleine d’eau chaude. Il y buvait du vin pur en dispensant une dernière fois ses préceptes, certain que « le plaisir est le commenceme­nt et la fin de la vie heureuse ».

« Apprendre à philosophe­r », une collection de livres pour éclairer le monde contempora­in publiée par « l’Obs », en kiosques cette semaine.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France