L'Obs

Adjani joue l’audace

OPENING NIGHT, D’APRÈS JOHN CASSAVETES. ANGERS, JUSQU’AU 16 MARS. LYON, DU 26 AU 30 MARS ; ANNECY, DU 6 AU 12 AVRIL ; NICE, DU 24 AU 27 AVRIL ; PARIS, DU 3 AU 26 MAI ; MARSEILLE, DU 3 AU 6 JUIN ; MONTPELLIE­R, DU 12 AU 15 JUIN.

- JACQUES NERSON

Avant tout, il faut saluer le courage d’Isabelle Adjani. Alors que les théâtres privés parisiens déroulent le tapis rouge devant elle, la voici, hormis une halte aux Bouffes du Nord en mai prochain, lancée dans la tournée de nos scènes régionales subvention­nées. Mais c’est surtout au niveau artistique qu’elle fait preuve d’intrépidit­é. Lors de ses retours successifs au théâtre, elle s’était jusqu’ici cantonnée dans des spectacles plutôt sages formelleme­nt. Elle s’en remet cette fois à un metteur en scène novateur dont le travail bouscule les codes convention­nels. Depuis ses débuts, Cyril Teste associe la vidéo au théâtre. Pas pour faire genre ni se conformer à la mode comme la plupart de ses confrères, mais parce que, pour lui, ces écritures se complètent naturellem­ent. En 2017, son adaptation du film de Thomas Vinterberg, « Festen », nous avait émerveillé­s. Il semble qu’Adjani l’ait été tout autant. Sa hardiesse sera-t-elle payée de retour ? Il est, hélas !, trop tôt pour se prononcer, car les contours du spectacle auquel on a assisté à Namur restent imprécis, ce n’est qu’une étape de travail. On nous convie à sa gestation. Qui plus est, Cyril Teste n’a pas choisi la facilité en portant « Opening Night » à la scène. Le film avait fait un flop à sa sortie aux EtatsUnis. Ce sont les cinéphiles européens, surtout les Français, qui le tiennent pour le chef-d’oeuvre de Cassavetes. Il est vrai que Gena Rowlands, épouse du réalisateu­r à la ville, était bouleversa­nte dans le rôle de Myrtle Gordon, cette comédienne qui cherche dans l’alcool de quoi « réparer des ans l’irréparabl­e outrage », au risque de mettre un spectacle en péril. Adjani l’égalera-t-elle ? Bien épaulée par Morgan Lloyd Sicard et Frédéric Pierrot (photo), elle en prend le chemin. Il faudra revoir le spectacle dans quelque temps. On y rencontre dès à présent plusieurs moments d’éclat mais on reste dans l’expectativ­e. En revanche, on voudrait s’ennuyer qu’on n’y arriverait pas : il durait à peine plus d’une heure quand nous l’avons vu.

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