L'Obs

Angelica Mesiti nous fait des signes

ANGELICA MESITI. QUAND FAIRE C’EST DIRE. PALAIS DE TOKYO, PARIS-16E ; WWW.PALAISDETO­KYO.COM. JUSQU’AU 12 MAI.

- BERNARD GÉNIÈS

Première grande expo parisienne pour cette artiste australien­ne qui va représente­r son pays à la Biennale de Venise, en mai. Angelica Mesiti compose des installati­ons à base de vidéo. Dans la rue, des HLM, des salles de répétition, elle filme des artistes qui chantent, dansent, jouent des percussion­s. La musique, les gestes tiennent lieu de parole, d’histoire. Dans « Citizens Band », quatre écrans nous montrent Mohamed Lamouri, le chanteur aveugle algérien de raï, dans une rame du métro parisien ; un chauffeur de taxi d’origine soudanaise sifflant, dans sa voiture à Brisbane, une mélodie soufie ; une jeune femme dans une piscine pratiquant l’« akutuk », technique de percussion aquatique venue du Cameroun ; et enfin un Mongol qui entonne à Sydney un « khöömii », ce célèbre chant de gorge d’Asie centrale. Tous sont cadrés plein écran : leurs attitudes, leurs visages, leurs corps portent ces musiques qui incarnent, pour ces expatriés, les racines de leurs cultures. Ailleurs, dans « Mother Tongue », au coeur d’une banlieue danoise, Angelica Mesiti nous montre des boy-scouts, des employés municipaux, des étudiants d’une école de cirque en train de chanter et de danser. Le silence imprègne quant à lui « The Colour of Saying », étonnante prestation d’une chorale qui interprète une compositio­n de Ralph Vaughan Williams en s’exprimant par la langue des signes. Les vidéos sont construite­s avec soin : d’un écran à l’autre, leurs séquences se répondent, créant un rythme, un récit. Il y a beaucoup d’émotion dans ces images. Une émotion terrienne.

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