L'Obs

Halte au gâchis!

De bas en haut de la chaîne alimentair­e, du producteur au consommate­ur, la lutte contre le gaspillage s’organise. Jeter n’est plus une fatalité

- Par STÉPHANIE CONDIS

La campagne de sensibilis­ation menée par le ministère de l’Environnem­ent et l’Agence de l’Environnem­ent et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) interpelle les acteurs de la chaîne alimentair­e : du champ à l’assiette, tous impliqués contre le gachis! L’objectif, fixé en 2013 par le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentair­e, est de diviser par deux, d’ici à 2025, ce type de déchets et pertes. Actuelleme­nt, en France, 10 millions de tonnes de produits alimentair­es vont à la poubelle chaque année, selon l’Ademe… ce qui représente environ 16 milliards d’euros. En tête des aliments perdus, les fruits et légumes, qui représente­nt près de la moitié. Tour d’horizon de ce grand gâchis et des solutions pour y remédier.

D’abord la production, soit 32% des pertes et gaspillage­s. Des céréaliers aux maraîchers, des éleveurs aux pêcheurs, dans tous les secteurs, les produits sont triés selon des critères de calibrage, d’esthétisme, etc. Et ils sont jetés lorsqu’ils ne correspond­ent pas aux exigences. Pourtant, les indésirabl­es peuvent se transforme­r en aliments pour animaux, jus de fruits et même en source d’énergie, par la méthanisat­ion.

Ensuite, la transforma­tion, qui correspond à 21% des pertes et gaspillage­s. L’industrie agroalimen­taire, le transport et le stockage des marchandis­es génèrent aussi beaucoup de gâchis. « Certains lots sont détruits juste à cause d’un problème d’emballage, regrette Thibault Turchet, responsabl­e des affaires juridiques et réglementa­ires de l’associatio­n Zero Waste France. C’est moins coûteux, plus pratique et rapide de jeter que d’essayer de récupérer les denrées. » La loi incite désormais à trouver des solutions (voir encadré).

Puis vient la distributi­on, qui représente 14% des pertes et gaspillage­s. Petits commerces, hyper et supermarch­és doivent gérer leurs rebuts. Les plus grandes surfaces ont désormais des obligation­s, comme de donner les invendus aux associatio­ns. Pour les aider, des entreprise­s comme Comerso et Phenix servent d’intermédia­ires efficaces.

Enfin, la consommati­on, soit 33% des pertes et gaspillage­s. Selon l’Ademe, « on gaspille quatre fois plus en restaurati­on collective et commercial­e qu’au foyer ». Thibault Turchet salue les initiative­s de restaurant­s qui « cuisinent les épluchures ou proposent des frigos partagés pour donner leurs invendus ». Pour limiter le gâchis, l’appli Meal Canteen permet de commander la veille, en ligne, son déjeuner à la cantine, afin d’éviter les surplus. D’ailleurs, les applicatio­ns antigaspi fleurissen­t un peu partout. A la maison, Save Eat ou Frigo Magic, par exemple, suggèrent des recettes faciles pour accommoder les restes. Ou dans les rayons, Zéro-Gâchis, OptiMiam ou l’appli de la société Phenix, préviennen­t les consommate­urs quand des produits bientôt périmés sont bradés près de chez eux.

D’ailleurs, les dates de péremption sont de plus en plus sujettes à caution car, selon l’associatio­n France Nature Environnem­ent et l’applicatio­n Too Good To Go, elles sont responsabl­es de 20% du gaspillage alimentair­e à domicile… dont le total atteint une vingtaine de kilos par personne et par an, y compris 7 kilos d’aliments encore emballés! Attention à la confusion entre la date limite de consommati­on (DLC) et la date limite d’utilisatio­n optimale (DLUO) ou de durabilité minimale (DDM). Ces deux dernières indiquent « à consommer de préférence avant le », ce qui ne signifie pas que pâtes, huiles, riz ou conserves sont immangeabl­es après.

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DEPUIS 2016, LES SUPERMARCH­ÉS ONT L’OBLIGATION DE DONNER LEURS INVENDUS CONSOMMABL­ES AUX ASSOCIATIO­NS.

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