Les lundis de Delfeil de Ton. Les mots croisés

Où l’on voit que plus c’est épais, moins on y voit

Baleine blanche ? Dauphin blanc? Marsouin blanc? Si ce cétacé les rappelle, il n’est rien de tout ça. C’est un béluga. Devinez sa couleur. Il dispose, nous dit Wikipédia, d’un sonar, le plus sophistiqué de tous les cétacés. Ce sonar lui est indispensable pour se repérer dans le labyrinthe des canaux de glace de l’océan Arctique, l’océan même où se trouvent et vivent les bélugas.

Son nom vient du russe beloukha, qui signifie blanchette. Blanchette, en français, c’est un nom qu’on donne aux vaches. Eh bien, voyezvous, le béluga nouveau-né, on dit de lui que c’est un veau et il est gris foncé. C’est à l’âge de se reproduire qu’il devient blanc. Il a alors 9 ans s’il est mâle, 7 ans s’il est femelle. La femelle le porte quinze mois. Le protège ensuite pendant deux ans. Son ennemi le plus dangereux, avec l’homme, est l’ours. Comme le béluga plonge pour trouver sa nourriture, l’ours le surprend quand il remonte, l’assomme d’un coup de patte et le hisse sur la banquise pour l’achever.

Le lecteur ne s’attendait pas, ouvrant son « Obs », à s’instruire sur le béluga. Ça ou s’instruire sur la girafe…

Le béluga, sous le nom de baleine blanche, fait l’actualité internationale après qu’on vient d’en découvrir un qui ne se contentait peutêtre pas d’un sonar pour s’informer : lorsque des pêcheurs norvégiens l’ont ramené au port, il était porteur d’un harnais. La prise avait été facile, il les suivait, faisait des bonds hors de l’eau pour établir un contact avec eux. Nous disions qu’il ne se contentait peut-être pas de son sonar d’origine, le harnais était un modèle porteur d’une caméra GoPro. Manquait la caméra. Qui avait bien pu le poser? C’est « le mystère de la baleine blanche ». Suspense !

Le quelqu’un, qui avait posé le harnais, avait-il posé une caméra GoPro? Est-ce ce quelqu’un, ensuite, qui l’aurait récupérée ? L’affaire est remontée au gouvernement norvégien

et question supplémentaire : espionnage? Nouvelle question : espionnage russe?

En Scandinavie, où se trouve la Norvège, les gouvernements s’inquiètent des menées russes dans leur région. Les scientifiques russes assurent ne pas utiliser, pour leurs caméras d’observation, de modèle GoPro. Quel modèle utilisent les militaires russes ? On sait qu’ils entraînent des bélugas en Crimée, cette Crimée récemment annexée par la Russie poutinienne. Laquelle Crimée est bordée par la mer Noire. Or, comment s’appelle le caviar des esturgeons de mer Noire ? Le caviar Béluga. Suivez le regard des esprits forts.

Le mystère ne s’épaissit-il pas? Ce caviar n’est-il qu’une coïncidence? Le comportement de notre prétendue baleine blanche, cette façon d’ouvrir le bec pour qu’on lui lance de la nourriture, rappelle les dauphins et autres cétacés prisonniers des parcs de loisirs américains où on n’hésite pas à costumer les animaux pour amuser les enfants de l’Oncle Sam. Ce béluga, avec son harnais de caméra américaine, serait-il un évadé de Floride? Hein? Hein?

Au temps de la guerre froide entre la Russie et l’Amérique, Russes et Américains sacrifiaient des bélugas pour déminer l’Arctique. Tout est possible, entre ces deux-là. Et puisqu’on parle de la guerre froide : c’était en 1952, Jacques Duclos, dirigeant du Parti communiste français, rentrait d’une manifestation contre la venue d’un général américain lorsque la police trouva dans sa voiture les cadavres de deux pigeons. Des pigeons voyageurs, s’écria aussitôt Brune, le ministre de l’Intérieur : la preuve de la trahison. Duclos emprisonné, la justice dut bientôt reconnaître qu’il s’agissait de pigeons tués à la chasse, destinés à être cuisinés par Mme Duclos. La réaction de Brune était celle du ministre d’aujourd’hui, Castaner, dénonçant l’attaque d’un hôpital quand il s’était agi de s’y réfugier. Tiens, c’est par là qu’il aurait fallu commencer.

Ce caviar n’est-il qu’une coïncidence ?