L'Obs

Aller simple

Le chef étoilé Guy Martin a rénové avec maestria deux palazzi à l’abandon, qu’il a transformé­s en chambres d’hôtes de charme

- Par DORANE VIGNANDO

La vie de palais dans les Pouilles

Epargné par le trop-plein de touristes l’été, grâce à sa voisine festive Gallipoli, Nardò séduit autant par son ravissant décor baroque que par son atmosphère nonchalant­e. Dans ce petit village de la péninsule du Salento, réchauffé par le soleil des Pouilles, Guy Martin, le chef du Grand Véfour, est reçu comme l’enfant du pays. Il faut dire que ce Savoyard a dépensé sans compter pour y faire revivre une partie du patrimoine historique local. Il y a trois ans, en passant ses vacances chez des copains, le cuisinier a le coup de foudre face à deux vieux palais en ruine – les palazzi Maritati et Muci. Les fondations datent du ixe siècle, mais leurs silhouette­s mêlent les influences des xvie et xviiie siècles. Avec sa femme, la productric­e télé Katherina Marx, il en perçoit immédiatem­ent la beauté et le potentiel. Les acheter est une folie, mais deux nuits blanches à cogiter plus tard, les voilà chez le notaire… Aujourd’hui, après plus de deux millions d’euros d’investisse­ment, trois ans de travaux avec des historiens, des architecte­s, des artisans locaux et des peintres en décor, les deux résidences viennent d’ouvrir leurs portes, métamorpho­sées en hébergemen­ts de charme avec dix chambres d’hôtes à la déco contempora­ine (à partir de 150 euros la nuit), prêtes à accueillir touristes esthètes, amis et famille. C’est dire si, le mois dernier, Guy Martin n’était pas peu fier de voir le Palazzo Muci faire la une du célèbre magazine de design et d’architectu­re « AD ».

Sur place, on le retrouve à la terrasse du Caffè Parisi sur la piazza Salandra, à l’ombre de la fontaine Del Toro et de la guglia dell’Immacolata, une flèche tarabiscot­ée datant de 1769. On parle bien sûr cuisine locale, des bonnes tables du coin, comme l’incomparab­le cochon braisé de Gigi, son ami restaurate­ur qui tient le très couru Gustavo à Galatone, mais aussi de ses passions pour l’art contempora­in et le mobilier design. En parcourant le premier de ses palais, Maritati, le ton est donné: les fresques ont été restaurées, les voûtes reconstrui­tes, les sols en pierre de Lecce impeccable­ment posés, un bain romain a même été aménagé dans une ancienne citerne. Face à l’entrée monacale, un escalier encadré par deux anges en bois monte la garde devant un « Ange noir », sculpture abstraite de l’artiste Laurence Bonnel. L’architectu­re d’intérieur, pensée par Jérôme Faillant Dumas, magnifie les volumes, les meubles et les oeuvres exposées: bibliothèq­ue signée Ico Parisi, table Rennie Mackintosh, céramiques Tramonti, lampes Tobia Scarpa, vase Ettore Sottsass, mais aussi des pièces de Gaetano Pesce ou d’Alvar Aalto côtoyant des photos dédicacées de Fellini et des toiles de la plasticien­ne Claudine Drai. A quelques minutes, le Palazzo Muci dévoile lui aussi ses voûtes d’ogives, ses colonnades et ses objets d’art contempora­in. Une sculpture de l’artiste Michèle Chast trône dans le jardin alors que des escaliers blancs montant vers les toits aménagés en terrasse laissent échapper un doux parfum d’Orient.

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