L'Obs

ASSELINEAU

LES PETITS SECRETS DE M. FREXIT

- Par LUCAS BUREL

A lerte générale. Il est bientôt 17 heures, ce samedi 18 avril, quand le secrétaire général de l’Union populaire républicai­ne (UPR) voit le nom de François Asselineau, 62 ans, apparaître sur son smartphone. L’ancien candidat à l’élection présidenti­elle de 2017, confiné dans sa maison de campagne, est furax : « Allô? Que se passe-t-il ? Pourquoi mes accès aux sites o ciels de l’UPR ont-ils été bloqués ? Vous avez vu le mail ? » Par communiqué, vingt membres du bureau national du mouvement (sur vingt-huit) et treize délégués régionaux (sur quinze) viennent de lui demander de plier bagage dans les 48 heures, en raison de faits « d’une exceptionn­elle gravité » : « Des documents et des témoignage­s indiquant l’existence de relations particuliè­res et plus qu’insistante­s de votre part à l’égard [de collaborat­eurs], et ce, dans le cadre profession­nel, […] ont été source de graves sou rances psychologi­ques », précise le texte de deux pages. Le secrétaire général, Benjamin Nart, a à peine le temps de bredouille­r quelques mots que le tout-puissant patron de l’UPR prononce sa sentence : « C’est un putsch! »

PLAINTE DÉPOSÉE

La maison Asselineau va-t-elle s’écrouler? Le 10 avril, la divulgatio­n sur les réseaux sociaux, par une main anonyme, de documents internes à l’UPR et de messages présentés comme issus de la correspond­ance privée de François Asselineau a transformé le petit parti en champ de bataille. Dans la foulée de la publicatio­n de ces « Asselineau leaks », un ancien collaborat­eur a déposé plainte pour harcèlemen­t sexuel contre le président fondateur. Employé, sur décision personnell­e de François Asselineau, comme attaché de presse et chau eur de septembre 2019 à fin mars 2020, le jeune homme, âgé de 25 ans à l’époque des faits, a rme avoir été la cible pendant plusieurs mois des assauts de son employeur, évoquant des caresses, des baisers forcés et un harcèlemen­t de tous les instants. François Asselineau aurait ensuite rédigé un courrier puis tenté, par tous les moyens, de le lui faire signer : un texte, qu’on peut lire sur internet, dans lequel le collaborat­eur revenait sur ses accusation­s et remerciait son patron de l’avoir extrait de « la condition très modeste de [son] milieu et d’avoir donné un sens à [sa] vie ». Son témoignage est entre les mains du parquet de Montluçon.

La tête d’a che de l’UPR hurle depuis au complot politique et appelle ses adhérents à la résistance, à coups de vidéos aux accents grandiloqu­ents. Un congrès prévu « fin juin, début juillet » afin de laisser les militants « clore le débat interne » est déjà dans les tuyaux. Comme souvent avec lui, le coup aurait été monté avec le

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Lors d’une manifestat­ion contre la réforme des retraites, à Paris, en décembre 2019.

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