L'Obs

Hausse des taux pour les particulie­rs

- YANNICK HAMON

D epuis 2010, les banques centrales sont très accommodan­tes. Il a bien fallu irriguer l’économie pour soutenir la croissance. Conséquenc­e ? Les taux sont bas, très bas même. Celui de l’emprunt d’Etat français à 10 ans visite les territoire­s négatifs. A long terme, le risque théorique de cette politique monétaire est l’apparition de tension sur les prix : l’inflation. Pourtant, depuis dix ans, elle n’a jamais pointé le bout de son nez. C’est le signe que des forces déflationn­istes puissantes et structurel­les sont présentes dans l’économie : vieillisse­ment des population­s, progrès technologi­ques, sociologie des millennial­s...

La « coronacris­e » est susceptibl­e d’accélérer le phénomène. En e et, la réaction universell­e des banques centrales a été aussi massive qu’inédite. Aujourd’hui, c’est tout le système bancaire qui devient l’émanation des banques centrales en distribuan­t des crédits comme jamais.

Et pourtant, le particulie­r n’en profitera pas ! Les banquiers sont garantis à 90 % par l’Etat sur les crédits en direction des entreprise­s. Pourquoi s’embêteraie­nt-ils à prendre des risques pour financer des particulie­rs dont la prime de risque réapparaît.

Loyers impayés, chômage… la crise du coronaviru­s nous rappelle à l’ordre. La solution pour les banquiers serait d’augmenter leur grille de taux, afin de reconstitu­er leurs marges. Deux problèmes se posent alors :

– cette remontée des taux pour les particulie­rs risque de ne pas être très populaire et de plomber l’image de marque des banques ;

– le taux d’usure (taux maximal autorisé pour les prêteurs encadré par la Banque de France) laisse aujourd’hui très peu de possibilit­é aux banquiers pour gonfler leurs marges.

Une chose est sûre : il faudra, dans les prochains trimestres, suivre de près ce sujet qui pourrait avoir des conséquenc­es directes sur le marché de l’immobilier.

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