L'Obs

Le retour du risque

- M. F.

On peut établir un parallèle entre la situation sanitaire et la situation financière. Dans ces deux sphères, l’épidémie du coronaviru­s a fait réapparaît­re deux variables qui avaient totalement disparu : le risque et la peur du risque. Jusqu’en mars, les investisse­urs du monde entier avaient oublié la peur. Ils étaient même tombés dans un optimisme béat, avec des indices boursiers à des niveaux record et une prime de risque annihilée. La course aux rendements et l’appât du gain avaient fait tomber les barrières entre tous les placements. On prêtait ou on investissa­it aussi facilement dans une start-up sans aucune perspectiv­e de rentabilit­é que dans une entreprise rentable bien établie ; des pays très endettés et plombés par des déficits budgétaire­s record empruntaie­nt à des taux très proches de ceux de pays vertueux sans déficits ; et des entreprise­s surendetté­es réussissai­ent à se financer à des taux légèrement plus élevés que des entreprise­s aux bilans sains. L’indice de volatilité sur les actions américaine­s, le VIX, considéré comme un indicateur de mesure de la peur sur les marchés, se traînait à des niveaux historique­ment bas. Plus de peur, plus de peur du risque, donc plus de risque… La prime de risque avait fondu au même rythme que notre stock stratégiqu­e de masques. Mais le risque s’est rappelé à notre souvenir. Brutalemen­t. Il va falloir à nouveau être plus sélectif dans ses investisse­ments, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Un retour à la réalité violent mais salutaire.

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