DES PAPAS PLUS INVESTIS ?
Et si le confinement était aux pères au foyer ce que les deux guerres mondiales ont été aux femmes le travail? Un révélateur de leur e cacité et de leurs capacités. C’est le pari de Laetitia Vitaud, consultante et conférencière sur l’avenir du travail (1) et fondatrice de Nouveau Départ, un média en ligne. « D’habitude, on voit des pères qui restent au bureau très tard, parfois volontairement, pour rentrer quand les tâches familiales, le bain et les devoirs des enfants, sont terminées. Les femmes, lorsqu’elles sont mères, rentrent plus tôt pour les accomplir, et c’est à ce moment-là que les écarts de carrière se creusent », explique-t-elle. Face au virus, le rapport s’est souvent inversé. Ce sont les femmes – plus nombreuses dans les métiers de la santé ou de la grande distribution – qui sont montées au front, tandis que les hommes restaient à la maison, en télétravail ou en activité partielle. « De nombreux pères sont devenus le “premier parent” par défaut. Il en restera quelque chose. » Laetitia Vitaud s’appuie sur une étude de la Northwestern University de Chicago, selon laquelle le confinement avec les enfants agit comme un long congé paternité. Or, on sait que ce congé augmente l’implication des pères dans l’éducation des enfants. « L’implication, ce n’est pas assurer un repas et un bain une fois de temps en temps, c’est toujours penser au soin physique et à l’éducation des enfants », insiste Laetitia Vitaud.
Confinement ou pas, le rééquilibrage de la charge mentale ne se fait tout de même pas d’un coup de baguette magique. Vous vous souvenez du « BBC Dad » ? C’est un chercheur, Robert Kelly, devenu célèbre parce que ses enfants ont débarqué derrière lui au milieu d’une interview à la BBC. La vidéo est devenue virale. Il faut la regarder jusqu’au bout: sa femme a olée vient vite rattraper les enfants. « Quand les deux sont en télétravail, l’espace isolé pour les vidéos Zoom est souvent réservé à l’homme, la femme partageant le sien avec les enfants », note Laetitia Vitaud. L’Institut national des Etudes démographiques (Ined) le confirme : 39% des Françaises ont partagé leur espace de travail avec d’autres, contre seulement 24% des hommes. Avec le confinement, le BBC Dad est devenu la norme, mais son épouse aussi. (1) « Du labeur à l’ouvrage » (Calmann-Lévy)