SÉRIE AMÉRICAINE DE DAVE BURD ET JEFF SCHAFFER (2020)
Avec Dave Burd, Taylor Misiak, Andrew Santino. Dix épisodes de 26 minutes. SUR CANAL+ SÉRIES À PARTIR DU 22 MAI
Dans une semi-boutade, Dave Burd, alias « Lil Dicky » (« p’tit zob » en français), révélation de la nouvelle scène rap et héros de cette variation drolatique inspirée de sa propre vie, se compare à Eminem. La bonne blague : alors que la géniale teigne de Détroit attendit l’apogée de sa gloire pour porter son autobiographie sur grand écran (« 8 Mile », en 2002), l’adaptation mi-fantaisiste, mi-véridique des premiers mois de carrière de ce petit rappeur nombriliste et rigolo entreprend de consolider sa réussite naissante sur le terrain prisé de la série. Autre temps, autres moeurs et, surtout, autre extraction sociale : petit-bourgeois juif de Philadelphie « monté » à Los Angeles pour maximiser ses chances de percer dans cette industrie en plein boom, Dave Burd propose un rap à contre-courant des clichés sociologiques, plus malin qu’ouvertement parodique. La savoureuse description des anomalies supposées de son anatomie, livrée en ouverture par son double de fiction, estampille d’emblée son humour, lequel s’inscrit ouvertement dans le sillage de Judd Apatow, grand manitou de la comédie US. Coproduite par Greg Mottola, réalisateur du mémorable « Supergrave », « Dave » colle à son modèle. Par une enfilade de discussions existentielles et de gags scatos, il dessine avec précision et mordant le portrait d’une génération de pré-millennials à l’orée de leur vie d’adulte. Les amitiés se forment à mesure que les premières opportunités professionnelles se saisissent ou que les doutes personnels affleurent dans ce milieu du rap filmé comme un pays de cocagne contraint par son succès à se désenclaver. Avec sa science du buzz et ses manières de start-upper futé, Dave y navigue moins en intrus génial qu’en opportuniste doué, en rappeur-capteur de nouveaux marchés.