FAUT-IL DES CONTREPARTIES ÉCOLOGIQUES AUX AIDES PUBLIQUES ?
L’épidémie, le confinement puis le soutien à des entreprises frappées de plein fouet entraînent des dépenses publiques sans précédent – « quoi qu’il en coûte », selon la formule présidentielle. Que devient, dans ce contexte, la transition écologique ? Des parlementaires, y compris dans la majorité, et des ONG ont demandé, en vain, au gouvernement d’assujettir à des critères écologiques l’attribution des 20 milliards d’aides, votées le 18 avril, à de « grandes entreprises stratégiques ». « Ce ne sera pas un chèque en blanc : ces entreprises
devront […] s’engager totalement pour une économie décarbonée », a promis le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. L’importance de l’environnement ne fait guère débat en soi, du moins en apparence : dans « le Monde », le 3 mai, 90 dirigeants d’entreprises françaises et internationales ont appelé à mettre « l’environnement au coeur de la reprise économique » ; le 19 mai, c’était au tour de 155 patrons de multinationales de se mobiliser pour que les Etats s’engagent à une reprise verte. Tous pour l’écologie ? C’est ce qui paraît ressortir des propos de nos deux interviewés. Reste à déterminer le calendrier et les méthodes. Si le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, était des signataires de la première tribune, des fuites révélaient que le Medef et l’Afep (l’Association française des Entreprises privées) avaient écrit en avril à la ministre de la Transition écologique pour réclamer, entre autres, un moratoire sur la loi antigaspillage et le report d’un an de la révision de la directive sur les émissions industrielles de CO2. Alors, lobbying dans les coulisses et greenwashing en vitrine, ou simple nuance de calendrier ?