CARCASSONNE, L’ÉDITEUR FRANÇAIS DE WOODY ALLEN
En France, c’est donc Stock, filiale d’Hachette, qui publiera les Mémoires de Woody Allen, sous le titre
« Soit dit en passant ». Jeannette Seaver a (re)proposé le manuscrit du réalisateur à Manuel Carcassonne qu’elle connaît bien. Il se dit dans la maison que le PDG d’Hachette Livre, Arnaud Noury, mécontent de la décision prise par la division américaine, a encouragé l’éditeur français à publier l’ouvrage. Dans le cours sur l’édition qu’il dispense à Sciences-Po, Manuel Carcassonne a consacré une séance aux enjeux de la publication des Mémoires de Woody Allen. Il a parlé du rôle de l’éditeur et de la liberté d’expression ; il a cité son mentor, Jean-Claude Fasquelle, qui disait qu’il fallait savoir mourir pour un livre. « Mes étudiantes m’ont écouté poliment et puis elles m’ont dit qu’elles me comprenaient, mais qu’elles auraient choisi de ne pas le publier… J’avais complètement échoué à les convaincre. Je crois qu’elles ne mesurent ni l’enjeu ni l’intérêt. Pour elles, Woody est un homme obsolète qui appartient au monde d’hier. Bien sûr, il y a aussi une question générationnelle. Il y a dans ce mouvement une part de “pousse-toi de là que je m’y mette”, de la vieille génération qui doit faire place. »
Ses adjointes, de leur côté, lui envoient, choquées, des passages de films de Woody Allen où il sort avec de très jeunes femmes. Depuis, l’éditeur laisse la porte de son bureau ouverte quand il reçoit une autrice.