Trois hommes et un canot
INTERVALLES DE LOIRE, PAR MICHEL JULLIEN, VERDIER, 128 P., 14 EUROS.
Comme Julien Gracq avec Nantes au siècle dernier, Michel Jullien (photo) fait de la Loire la matière de son livre et mène haut la plume cette entreprise osée. Sous le pont de Nevers coule la Loire ; et les années. Trois amis éméchés qui flânaient par là décident de passer sur cette eau turbulente jusqu’à l’embouchure du fleuve le cap de leurs 50 ans. Quelques mois plus tard, à Andrézieux, dans la chaloupe d’un pêcheur nazairien trouvée sur leboncoin, les voici s’élançant sur les flots, tour à tour veilleur, barreur, rameur sur le banc de nage, happés par les forces tourbillonnantes, l’esprit mobilisé par la rudesse de la tâche et les éléments. L’auteur compose des saynètes, chacune titrée – « En silence », « Prestance », « Jusqu’à Mitchum », « Apparition », « Herbacée ». Que ce soit les libellules en un gracieux ballet sur le bois d’un aviron ou la chevelure d’algues de créatures ondulant dans les profondeurs, l’étrange et le presque-invisible font l’objet d’une description où se déploie un lyrisme bridé, interrompu par l’escale nocturne et quotidienne sur une rive et celle d’un talus devant le Leclerc de Gien.
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