HIGHTOWN

SÉRIE AMÉRICAINE DE REBECCA CUTTER (2020)

Avec Monica Raymund, James Badge Dale, Riley Voelkel. Huit épisodes de 50 minutes. DISPONIBLE SUR AMAZON PRIME ET STARZPLAY

Une junkie attend sa livraison dans un lieu désert, son dealer la tue d’une balle. On la retrouve échouée à marée basse, repérée un petit matin de gueule de bois par une policière municipale. Laquelle mène sa petite enquête, parallèle à l’officielle… L’originalité de « Hightown » se niche moins dans cet éternel postulat de série B que dans son cadre géographique : la péninsule de Cape Cod, station balnéaire chic de la côte Est américaine, devenue, au fil des ans, une oasis LGBT festive minée par la drogue où cohabitent touristes débridés, trafiquants, communauté de pêcheurs consumés par leur addiction aux substances prohibées.

Coproduite par Jerry Bruckheimer, vieux nabab hollywoodien à l’origine des « Experts », pas vraiment réputé pour son progressisme à tous crins, la série navigue entre tentation de formatage (le vieux truc de l’enquête disjointe menée par deux flics que tout oppose) et recours à une forme d’exotisme clinquant et carnavalesque : gays et prolos, tous dessinés à gros traits, s’ébrouent dans ce décor saturé de musique et de néons criards. Pourtant, le charme opère. Ce mélange de mauvais goût et d’artifice donne un ton, un style. Les personnages s’affinent doucement, à mesure qu’ils explorent les soubassements insoupçonnés de ce mini-monde bigarré. Témoin, cette strip-teaseuse dont on croit qu’elle ne fait que passer et qui acquiert, au fil des épisodes, une ambiguïté bluffante. Ne pas se fier aux apparences : sous sa balourdise de façade, « Hightown » tricote un polar social de bonne tenue.