Tarantino par sa bande
22h50 ARTE QT8 : Tarantino en 8 films Documentaire américain de Tara Wood (2019). 1h30.
Quentin Tarantino a toujours annoncé qu’il ne tournerait que dix films. La réalisatrice Tara Wood n’a donc pas attendu sa retraite ni la sortie, l’an passé, de son neuvième long-métrage, « Once upon A Time… in Hollywood » (mentionné en épilogue), pour se replonger dans le détail d’une des oeuvres les plus influentes de ces trente dernières années. Son approche ? Raconter film par film le génie « tarantinien » par l’entremise de ses collaborateurs. Et ça commence tambour battant : Tim Roth se souvient être resté collé à Michael Madsen après une étreinte amicale à la fin d’une journée de tournage de « Reservoir Dogs » parce que leurs costumes étaient recouverts d’un faux sang particulièrement sirupeux. « Et nous n’avions rien d’autre que ces vêtements qui provenaient de nos placards perso », renchérit Madsen, confessant dans la foulée avoir été contraint de refuser le rôle finalement dévolu à John Travolta dans « Pulp Fiction » (photo) pour cause d’agenda surchargé. Eli
Roth, alias « l’Ours juif » dans « Inglourious Basterds », évoque le conditionnement mis au point par le réalisateur sur le plateau afin d’exacerber la colère de son personnage : repousser son entrée en scène quatre ou cinq jours de suite. Dommage que ce panaché d’anecdotes se trouve à la longue dilué dans un excès de louanges et d’analyses plates et rabâchées, qui ramène l’ensemble au niveau d’un honnête bonus DVD. Le traitement extra-light du cas Harvey Weinstein, associé à Tarantino de « Reservoir Dogs » à « Django Unchained », renforce ce sentiment d’inachevé. Quelques historiettes croustillantes – dont une grosse colère du producteur durant le Festival de Cannes – esquissent l’ambiguïté de leur relation, tout en laissant un monceau d’interrogations en suspens. En quoi Weinstein bonifiait-il les films de Tarantino ? La perversité sexuelle de son ami l’affectait-elle ? Autant de questions à moitié posées qui entraînent leur lot de réponses flottantes (« Quentin savait comme beaucoup d’autres » ; « Quentin était accablé », etc.), à mille lieues des récits fourmillant de détails quant à la provenance d’un accessoire de « Kill Bill » ou à une référence cachée dans « Jackie Brown ».