LE CORIACE
Macron peut-il se passer d’Edouard Philippe ?
A l’aube d’un probable remaniement, Edouard Philippe serait sur la sellette. Mais pour le président, se séparer d’un chef de gouvernement plus populaire que lui est un pari risqué. D’autant que le principal intéressé entend bien rester
Après le temps du pouvoir confiné, celui des habitudes retrouvées. Ce mardi 19 mai, les ténors de la macronie, ainsi qu’une poignée de ministres triés sur le volet, se réunissent à l’Elysée pour le traditionnel dîner de la majorité. Au menu ce soir-là: l’épineux sujet du second tour des municipales. Le tour de table débute, Edouard Philippe se lance : « Le scrutin doit avoir lieu à la fin du mois de juin. » La garde rapprochée du chef de l’Etat – à commencer par le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et le patron des sénateurs macronistes, François Patriat – émet quelques réserves. Le conseil scientifique ne vient-il pas d’écrire noir sur blanc que, même s’il ne s’opposait pas fermement à la tenue du vote, une campagne présenterait des « risques majeurs » de propagation du virus ? Le président, lui, ne laisse rien transparaître.
Soixante-douze heures plus tard, l’a aire est pliée: le deuxième round des municipales se tiendra le 28 juin. Edouard Philippe, lui-même candidat au Havre et qui, selon ce parlementaire, « a fort intérêt à ce que ce second tour soit organisé le plus vite possible », remporte la mise. Une victoire anecdotique au regard des drames humains et économiques engendrés par l’épidémie de Covid-19 ? Sans doute. Mais en ces temps instables, le chef du gouvernement n’est pas sans le savoir: toutes les victoires sont bonnes à prendre. Elles sont autant de signaux adressés à ceux qui, dans l’ombre et depuis plusieurs semaines, prophétisent – et espèrent – le départ imminent du locataire de Matignon.
Trois ans après son arrivée surprise au 57, rue de Varenne, cet héritier d’Alain Juppé, alors illustre inconnu, aurait pourtant de quoi se sentir pousser des ailes : il a survécu aux crises, celles des « gilets jaunes », des retraites, du Covid. Cette dernière étant évidemment la plus aiguë. Loin d’être essoré dans l’opinion, le longiligne et flegmatique Edouard se paie même le luxe de se révéler aux yeux des Français. Celui que l’on disait e acé et lisse se montre plus coriace qu’attendu et, pour l’instant du moins, résiste plutôt bien à l’enfer de Matignon.
Cela étant, Edouard Philippe n’est pas dupe. Il le sait, il le voit : les grandes manoeuvres ont débuté. A la seconde où le chef de l’Etat a évoqué, le 13 avril dernier à la télévision, la nécessité de se « réinventer », ses proches et lui ont compris le message. Le président et une partie de son entourage envisagent désormais sérieusement de changer de Premier ministre. L’option est sur la table, comme elle l’avait été en décembre 2018, quand la crise des « gilets jaunes » était à son paroxysme. A l’époque, déjà, plaidant pour une inflexion plus sociale du quinquennat, une frange de l’état-major macroniste avait tenté de convaincre le président de sortir Edouard Philippe du jeu. « Aujourd’hui, certains conseillers élyséens réfléchissent de nouveau à cette hypothèse, et ils ont raison de le faire, philosophe le député européen Gilles Boyer, ami et ancien conseiller d’Edouard Philippe. Sans doute ferionsnous la même chose à leur place. »
O ciellement, rien n’est tranché. Depuis le salon d’angle du premier étage du palais de l’Elysée, où Emmanuel Macron a
installé son bureau, le chef de l’Etat continue de consulter, d’écouter, de sonder les uns et les autres sur son Premier ministre. Faut-il s’en séparer, et ainsi donner une nouvelle impulsion à son mandat, alors même que le coronavirus a brusquement bousculé son agenda politique ? Ou continuer avec lui pour toute la durée du quinquennat, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait avec François Fillon ? « Les deux options existent, confirme un ministre. Mais si Edouard venait à rester, il faudrait sans doute s’attendre à d’importants changements au sein du gouvernement. »
Confidents, conseillers de l’ombre et visiteurs du soir du président sont divisés sur le cas Philippe. Le statu quo a ses partisans. Un carré de fidèles du chef de l’Etat considère ainsi qu’il « n’est pas indispensable de virer Edouard ». Stanislas Guerini, le patron de La République en Marche (LREM), est sur cette ligne : « Le Premier ministre est d’une loyauté totale et va, politiquement, dans la même direction que le président. Il a, par ailleurs, une nouvelle fois montré sa grande solidité pendant la crise. Alors, pourquoi ne continuerait-il pas avec nous ? » « Et puis changer
“UNE VICTOIRE D’ÉDOUARD AU HAVRE POURRAIT COMPLIQUER LA MANOEUVRE.” UN TÉNOR DE LA MAJORITÉ
pour mettre qui? tonne un intime d’Emmanuel Macron. Le Maire? OK, il a été bon pendant la crise, mais quel intérêt? Il n’est pas plus sympathique qu’Edouard Philippe et il présente ce désavantage d’occuper exactement le même espace politique que lui. Le Drian? Bon, comme impulsion, on a vu mieux. Et puis ça fait trois ans qu’il est ministre, et on ne sait toujours pas de quoi exactement. Quant à François Bayrou, c’est un caractère impossible, et son amertume est grande : il continue de penser que c’est lui qui devrait être assis à la place du président. » Les noms de Gérald Darmanin, de Jean-Michel Blanquer ou même de l’écolo Yannick Jadot sont aussi parfois évoqués.
Mais qu’importe l’identité du potentiel successeur d’Edouard Philippe. Pour pléthore de grognards de la macronie, souvent issus du Parti socialiste, le temps est venu de tourner la page. Ceux-là ont longtemps reproché à ce Premier ministre de ne pas su samment jouer son rôle de bouclier. « Politiquement, on sait aussi ce que nous a coûté sa connerie sur le 80 km/h et son obstination à maintenir la taxe carbone: 18 milliards d’euros ! Pas mal pour un politique qui veut à tout prix incarner l’orthodoxie budgétaire », résume un familier de l’Elysée. La douloureuse séquence de la réforme des retraites – « un projet d’inspiration de gauche mais dans lequel Edouard Philippe a voulu glisser une virgule de droite et a au passage imposé le 49.3 » – a aussi accentué le fossé entre Matignon et une partie de l’écosystème macroniste. Aujourd’hui, les intrigants se réveillent : il faut « débrancher » le disciple d’Alain Juppé. Trop raide et « si peu inventif », Philippe n’aurait pas l’ADN d’En Marche. Pas totalement faux: le Premier ministre a toujours pris grand soin de se construire politiquement en dehors de LREM. « Edouard refuse d’adhérer au parti et c’est son droit, juge un baron macroniste. Mais en s’a rmant aussi ostensiblement comme un homme de droite, il contribue à ce que notre politique soit perçue comme d’inspiration droitière. Covid ou pas, il est nécessaire de corriger ce déséquilibre politique. » « Les cartes vont être rebattues et, cette fois, il ne survivra pas à l’élan politique que souhaite insu er le président, croit savoir
cet autre ténor de la majorité. Même si, évidemment, une victoire d’Edouard au Havre pourrait compliquer un peu la manoeuvre. »
Absorbé par le dossier coronavirus, le Premier ministre n’a plus mis un pied en Normandie depuis le 15 mars, date du premier tour des municipales. Ce soir-là, le chef du gouvernement a viré en tête avec 43,59% des voix. Mais sa courte avance sur son rival havrais, le député communiste Jean-Paul Lecoq (35,87%), rend l’issue du scrutin incertaine… Le 28 juin, il jouera son va-tout : s’il perd, ce que personne n’anticipe sérieusement dans son entourage, la fenêtre de tir pour le sortir sera dès lors toute trouvée. « Je connais le bonhomme et, dans ce cas figure, il partirait de luimême dans la seconde », avance un député. A contrario, s’il gagne, il n’en sera que renforcé. D’autant qu’à Paris, Lyon, Marseille, le parti présidentiel est en pleine déconfiture. Dans cette hypothèse, Edouard Philippe apporterait alors au président sa seule victoire dans une ville de plus de 100000 habitants. Di cile, dans ces conditions, de le remercier…
Si nul ne peut prédire l’épilogue de sa campagne havraise, Edouard Philippe est en passe de remporter une autre bataille : celle de l’opinion. Dans cette crise, la sobriété et l’« humilité » du Premier ministre (terme qu’il a répété à plusieurs reprises) ont tranché avec la grandiloquence d’un président qui, à grand renfort de discours martiaux, a peiné à convaincre les Français. « Dans le couple qu’il forme avec Emmanuel Macron – qui a pris la lumière, parfois trop, quitte à exaspérer par sa posture guerrière –, Edouard Philippe incarne la constance, la tempérance », résume Jérôme Fourquet, politologue et directeur du département opinion de l’Ifop. Résultat: des sondages lui donnent plus de dix points d’avance sur le chef de l’Etat. « Beaucoup de Français ont découvert leur Premier ministre. Dans toute cette période, ils l’ont vu dans les JT, les conférences de presse, et ça a créé un vrai lien », explique un ministre. « Objectivement, il fait partie de ceux qui sortent grandis de cette crise », avance Jean-Marc Borello, président du groupe SOS et ami d’Emmanuel Macron. Pour un chef de l’Etat décrié, Edouard Philippe peut devenir un bouclier très utile.
Cette nouvelle stature alimente même désormais – et c’est nouveau – les spéculations sur ses ambitions. Si o ciellement personne autour d’Emmanuel Macron ne doute de la loyauté d’Edouard Philippe, sous cape, ils sont quelques-uns à
évoquer le « syndrome Balladur » qui gagnerait peu à peu le Normand. « Il se sent pousser des ailes, dit un “marcheur”.
Il se dit “tiens, et si c’était moi ?” Si ça se passe mal, il pourrait bien apparaître comme un recours! Je ne peux pas croire qu’Edouard Philippe soit complètement désintéressé. On ne peut pas exercer un tel niveau de responsabilité sans penser à la marche au-dessus. » Un jour qu’un ami l’interrogeait sur d’éventuelles ambitions inavouées de son Premier ministre, le président a rétorqué, sans ciller : « On me dit qu’il est loyal. » Enfin, à tort ou à raison, certains ont vu dans la constitution d’un dixième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale – un groupe de 17 députés objectivement très « Matignon-compatible » – la volonté du chef du gouvernement de peser dans les débats. Réponse de l’intéressé : « Je n’y suis pour rien et je m’en cogne. »
Ses amis le jurent, il est la loyauté incarnée et il n’a aucun agenda caché. Devant les courbes sondagières flatteuses, Edouard Philippe garde la tête froide. Il n’est pas homme à s’emballer. Comme tout juppéiste qui se respecte, il sait bien que les sondages, si positifs soient-ils, doivent être pris avec distance. La popularité, c’est bon pour l’ego, mais ça vaut rarement l’assurance d’une prolongation de bail à Matignon. En d’autres temps, Michel Rocard n’a-t-il pas été remercié alors qu’un Français sur deux continuait de lui faire confiance ? « La popularité du Premier ministre et le résultat des municipales ne joueront pour rien dans le choix du président, jure ce proche du Château. Penser que le chef de l’Etat puisse être contraint par des sondages et des circonstances politiques, c’est mal le connaître. Il traitera cette question en temps et en heure, et avec une liberté totale. » UN “MARCHEUR”
“ON NE PEUT PAS EXERCER UN TEL NIVEAU DE RESPONSABI LITÉ SANS PENSER À LA MARCHE AU DESSUS.”
« J’ai la confiance du président, le soutien de la majorité, et j’ai envie d’être là: tant que ces trois conditions seront réunies, je continuerai », nous confiait Edouard Philippe en février 2019. Ah, l’envie! Ce troisième pilier du triptyque avancé par le Premier ministre fait, depuis de longues semaines, l’objet de toutes les spéculations dans les arrière-cuisines du pouvoir. Des ministères aux travées du Palais-Bourbon, lors de l’épidémie, beaucoup assurent avoir vu un Premier ministre solide mais soumis à un stress intense. Comme essoré par la lessiveuse du Covid-19. « On l’a vu lassé et agacé, témoigne un député. Atteint nerveusement et physiquement. » « Il a mis beaucoup de lui-même dans cette crise, renchérit un cadre macroniste. Ce sera donc aussi à lui de dire s’il a encore l’énergie et l’envie de continuer. » Sur ce point, Edouard Philippe, qui goûte assez peu l’exercice de la confidence, n’a pas encore pipé mot. Aujourd’hui, sa garde rapprochée parle pour lui : « Bien sûr qu’il en a envie, confie un proche collaborateur. Edouard aime agir, il aime décider et il aime l’Etat. Son envie n’a en rien été entamée par les événements de ces derniers mois. » « Au vu de l’énergie qu’il déploie ces jours-ci et des inhabituelles petites attentions qu’il a vis-à-vis de nombreux acteurs de notre écosystème – ministres, parlementaires, etc. –, tout laisse à penser que le
Premier ministre fait campagne pour rester », ironise de son côté un cadre de LREM.
Il le sait, pourtant, que les temps vont être durs. Entre la vague de licenciements prête à s’abattre sur le pays et la crainte de voir des faillites d’entreprises en cascade, la tâche s’annonce délicate. Sans compter ces commissions d’enquête parlementaires à l’Assemblée et au Sénat, devant lesquelles il devra justifier ses décisions prises avant et pendant la pandémie. « Ces di cultés ne l’e raient pas », certifie Gilles
Boyer. Quant aux plaintes qui s’accumulent auprès de la Cour de Justice de la
République (CJR) – on en recensait soixante-trois le 12 mai, la plupart d’entre elles visant le chef du gouvernement –, il compose avec. « Il serait faux de dire qu’il ne voit pas tout ça, rapporte-t-on dans son entourage. Mais ça ne l’empêche pas de travailler. C’est ainsi… »
En trois ans, Edouard Philippe a trouvé une complémentarité avec le président. Cet exécutif à deux têtes qui dirige la France depuis mai 2017 ne ressemble à aucun autre. Même s’il arrive parfois que les uns et les autres les comparent à l’attelage de Gaulle-Pompidou. Certes, tous les deux sont énarques – le président est passé par l’inspection générale des Finances, le Premier ministre est conseiller d’Etat. Et tous les deux sont passés par la case privée : le premier s’est frotté à l’exercice des fusionsacquisitions à la banque Rothschild, le second a été lobbyiste en chef chez Areva. Mais contrairement aux duos formés par Nicolas Sarkozy et François Fillon, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ou, plus loin dans le temps, Jacques Chirac et Alain Juppé, ces deux-là n’ont aucune histoire politique commune.
“TOUT LAISSE À PENSER QUE LE PREMIER MINISTRE FAIT CAM PAGNE POUR RESTER.”
Lorsque Emmanuel Macron installe le lieutenant d’Alain Juppé à Matignon au printemps 2017, ils ne se connaissent pas, ou si peu. Il y a bien eu quelques dîners avec des amis communs, quelques prises de contact, mais rien de plus. « Cette relation strictement professionnelle est une des clés de leur bonne entente, observe David Amiel, qui a été l’un des conseillers du président entre 2017 et 2019. Entre eux, il n’y a pas trente ans de coups fourrés, de rancoeur et de rivalité. » En dehors de leurs tête-à-tête hebdomadaires – qui sont en réalité des déjeuners de travail à quatre où leurs doubles respectifs, le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler et le directeur de cabinet du Premier ministre Benoît RibadeauDumas, sont toujours présents –, les liens sont limités. Bien sûr, en privé, ils sont à tu et à toi. « Mais il n’y a aucun a ect dans leur relation », note le député Thierry Solère, proche d’Edouard Philippe qui a également l’oreille du président. « Je ne suis même pas sûr que le président connaisse le prénom des enfants d’Edouard », note un ami commun.
« Ils sont dissemblables et complémentaires », résume Patrick Mignola, le chef de file des députés MoDem. Le président est un libéral-libertaire, que ses fidèles qualifient volontiers de « disruptif, décentralisateur et pragmatique ». Son Premier ministre, lui, passe pour méthodique, prudent et rigoureux. « Il aime cet Etat technique, parfois trop lent et qui produit de la norme », observe un cadre macroniste. Même si le juppéiste sait aussi se montrer souple et a déjà fait preuve d’une capacité d’adaptation qu’on ne lui soupçonnait pas. « Philippe a longtemps considéré que l’unique clé de sa réussite était la réduction des déficits, note un membre du gouvernement. Mais c’est un homme intelligent et politique. Il sait que ce n’est plus le cas. En réalité, il l’a intégré depuis les “gilets jaunes”. Il a quand même assumé les milliards d’euros lâchés par Macron. » Et surtout, Philippe est un homme de droite qui, à ce titre, remplit parfaitement la mission qui lui a été assignée depuis 2017: séduire un électorat traditionnellement conservateur et fracturer le parti des Républicains (LR). « C’est pourquoi il va être di cile pour Emmanuel Macron de s’en séparer, analyse un visiteur du soir. La seule et unique condition de la survie de ce président et de sa majorité, c’est la fracturation de la droite. Avec Edouard Philippe, ça marche. Regardez comment
“QUAND TU AS UN PREMIER MINISTRE QUI TE PERMET DE FRACTURER À CE POINT TON OPPOSITION, Y A PAS MIEUX.”
se sont comportés les parlementaires LR lors du vote du plan de déconfinement : la consigne passée était de s’abstenir, or onze députés et sept sénateurs ont voté pour. Et quand tu as un Premier ministre qui te permet de fracturer à ce point ton opposition, honnêtement, y a pas mieux… »
Certes, ces derniers temps, des divergences sont apparues entre les deux hommes : autour de la tenue du premier tour des municipales, de la date du vote à l’Assemblée du plan de déconfinement, de la réouverture du Puy du Fou (« cette histoire, c’est du bullshit », nous assure au passage un intime du Premier ministre). Mais ces quelques désaccords ne font pas une crise politique. Aujourd’hui, celui qu’on appelait l’inconnu de Matignon s’est fait un nom et a percé dans l’opinion. Et si la parenthèse venait à se refermer brusquement d’ici au 14 juillet, comme le bruit s’en répand, nul doute qu’il partirait avec un brin d’amertume. Mais sans faire de vague. « Entre eux, il n’y a jamais eu de quelconque passion. Ça n’a jamais été un mariage d’amour, mais plutôt un mariage de raison », observe un familier de l’Elysée. Ces unions-là sont-elles faites pour durer ? C’est tout son pari.