L'Obs

Pourquoi épargnons-nous?

- YANNICK HAMON

Les Français demeurent les champions de l’épargne : 14 % des revenus générés dans notre pays prennent ce chemin. Et l’on associe souvent ce comporteme­nt d’écureuil à une certaine forme de pessimisme. Cette tendance a été encore accentuée par deux mois de confinemen­t. Très peu de dépenses de consommati­on ont été effectuées durant cette période. Et pour cause : le niveau d’anxiété n’a sans doute jamais été si élevé, bien que les revenus aient été sécurisés par l’Etat. Le résultat de ces e ets conjugués : un stock d’épargne supplément­aire de 100 milliards d’euros ! A première vue, cette « montagne » peut paraître très rassurante pour les créanciers du pays. C’est bien grâce à cet énorme actif que nos taux d’emprunt demeurent depuis dix ans à des niveaux bas, et ce en toutes circonstan­ces. Sur ce point, la France se rapproche plus de l’Allemagne que des pays du sud de l’Europe. Mais la propension des Français à épargner a aussi quelque chose de frustrant. Imaginons un instant que cette immense masse d’argent soit non pas épargnée comme actuelleme­nt (voire immobilisé­e sans rendement sur des comptes courants) mais au contraire injectée directemen­t dans la consommati­on ou dans ce que le gouverneme­nt appelle « les placements productifs » ; comprenez les fonds propres des entreprise­s. Notre économie serait alors immédiatem­ent boostée, et les rentrées fiscales littéralem­ent dopées. La crise sanitaire semble avoir renforcé les deux tendances fortes de l’épargne en France : privilégie­r l’accumulati­on plutôt que la consommati­on (par pessimisme) ; et l’utilisatio­n de supports d’épargne sécurisés (donc des placements dits « non productifs ») au détriment de l’espoir de rendement. Di cile toutefois de donner tort à l’épargnant français, à ce jour…

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