Pourquoi épargnons-nous?
Les Français demeurent les champions de l’épargne : 14 % des revenus générés dans notre pays prennent ce chemin. Et l’on associe souvent ce comportement d’écureuil à une certaine forme de pessimisme. Cette tendance a été encore accentuée par deux mois de confinement. Très peu de dépenses de consommation ont été effectuées durant cette période. Et pour cause : le niveau d’anxiété n’a sans doute jamais été si élevé, bien que les revenus aient été sécurisés par l’Etat. Le résultat de ces e ets conjugués : un stock d’épargne supplémentaire de 100 milliards d’euros ! A première vue, cette « montagne » peut paraître très rassurante pour les créanciers du pays. C’est bien grâce à cet énorme actif que nos taux d’emprunt demeurent depuis dix ans à des niveaux bas, et ce en toutes circonstances. Sur ce point, la France se rapproche plus de l’Allemagne que des pays du sud de l’Europe. Mais la propension des Français à épargner a aussi quelque chose de frustrant. Imaginons un instant que cette immense masse d’argent soit non pas épargnée comme actuellement (voire immobilisée sans rendement sur des comptes courants) mais au contraire injectée directement dans la consommation ou dans ce que le gouvernement appelle « les placements productifs » ; comprenez les fonds propres des entreprises. Notre économie serait alors immédiatement boostée, et les rentrées fiscales littéralement dopées. La crise sanitaire semble avoir renforcé les deux tendances fortes de l’épargne en France : privilégier l’accumulation plutôt que la consommation (par pessimisme) ; et l’utilisation de supports d’épargne sécurisés (donc des placements dits « non productifs ») au détriment de l’espoir de rendement. Di cile toutefois de donner tort à l’épargnant français, à ce jour…