LA TENTATION DE BAYROU
La chose a été vite entendue. Dès l’annonce, à la mi-mai, de la création d’un neuvième groupe à l’Assemblée nationale, et par conséquent de la perte de la majorité absolue par le groupe de La République en Marche (LREM), tous les regards se sont braqués sur le MoDem. Le groupe centriste passait ainsi du statut de supplétif à celui de partenaire incontournable. De quoi peser davantage encore pour François Bayrou, le patron du parti, qui a déjà l’oreille du président, mais dont les relations avec le Premier ministre sont parfois ombrageuses. Au point de pouvoir prétendre remplacer ce dernier ? Les sujets de discorde entre le maire de Pau et le chef du gouvernement n’ont en tout cas pas manqué récemment : maintien du premier tour des municipales, prime aux soignants, distribution des masques, réouverture des parcs et jardins… Mais il est un coup que Bayrou n’a pas vu venir : la création d’un dixième groupe à l’Assemblée nationale, une semaine après le neuvième, qui penche cette fois à droite et a che son soutien au Premier ministre. « Beaucoup ont analysé la manoeuvre comme un doigt d’honneur de Philippe à Macron, mais c’est d’abord un doigt d’honneur de Philippe à Bayrou, décrypte un conseiller centriste. Désormais, LREM peut obtenir la majorité absolue avec ce seul dixième groupe. » Autre handicap pour le patron du MoDem, plus ancien mais toujours d’actualité : sa mise en examen pour complicité de détournement de fonds publics dans l’a aire des collaborateurs centristes au Parlement européen. Une a aire qui avait provoqué, au début du quinquennat, son départ du ministère de la Justice, un mois après son arrivée. Et qui pourrait aujourd’hui l’empêcher d’être nommé à Matignon.