L'Obs

Michael Clayton

- François Forestier

Thriller américain de Tony Gilroy (2007). Avec George Clooney. 1h59.

« Michael Clayton » n’est pas un récit à message, un film d’art et d’essai, ni même un truc politiquem­ent correct. C’est juste un film d’avocats, dans la tradition de John Grisham ou de George V. Higgins. Pardon : d’avocats américains. Une race spéciale, avec des règles et des modes de fonctionne­ment bizarres : il ne s’agit jamais de faire éclore la vérité au tribunal, mais simplement de gagner à coups de bazooka. La loi, c’est la guerre. Résumons-nous : Michael Clayton (George Clooney) se bat contre une multinatio­nale qui pollue. Il joue au poker, et vient de faire faillite avec un restaurant. Un gars pas très recommanda­ble, quoi. Il a besoin d’argent, et l’un de ses associés, Arthur, se balade à poil dans un parking couvert de neige, donc il faut le remplacer. La règle : la vérité est à dimensions variables (c’est le signe avant-coureur de la philosophi­e Trump, selon laquelle il y a des alternativ­e facts). Evidemment, dans son combat contre l’agroalimen­taire, Michael Clayton va finir par passer du bon côté… Le film de Tony Gilroy (c’est sa première réalisatio­n, mais il a signé plein de scénarios, dont ceux des quatre Jason Bourne) est classique dans la mise en scène, l’intrigue est bien vissée et, somme toute, on passe 119 minutes sans s’ennuyer, malgré la structure bizarre (16 minutes de présentati­on, 80 minutes de flash-back). La clé de tout, c’est le casting : George Clooney est parfait dans son costume-cravate d’avocat un peu frimeur ; Sydney Pollack, dans le rôle du boss du cabinet – c’est l’une de ses dernières apparition­s avant sa mort, en 2008 –, est juste assez sympathiqu­e pour qu’on l’aime bien ; et Tilda Swinton, qui est l’avocate d’un client important, est mordante et nous réserve des surprises. Ce n’est certes pas du grand cinéma, ni même du cinéma dont on se souviendra dans cinq minutes, mais c’est distrayant. Et, sans le savoir, le film remet à l’honneur l’aphorisme de Charles Dumercy : « Il est aussi impossible à l’avocat d’être sincère qu’à la courtisane d’être chaste. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France