L'Obs

LES OUBLIÉS

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Psychologu­e clinicienn­e, je travaille auprès des personnes en grande fragilité pour lesquelles cette période de confinemen­t a accentué la vulnérabil­ité. Bon nombre d’entre elles, suivies en psychiatri­e, ont perdu leur travail, le plus souvent précaire, et leur état s’aggrave. Payer le loyer, se nourrir, se déplacer leur devient très di cile et augmente leurs angoisses et leurs troubles. Ce sont souvent des parents âgés qui assument leur survie dans la mesure de leurs possibilit­és. Si on parvient à assurer le traitement, les consultati­ons psychiatri­ques et l’aide psychologi­que, le recours social fait défaut. Rien n’est prévu. Ils sont oubliés. Les migrants quant à eux sont dans l’incapacité de faire des demandes d’asile. Les organismes comme l’Ofpra [O ce français de Protection des Réfugiés et Apatrides, NDLR] sont di cilement joignables. Et comment, quand il le fallait encore, fournir une feuille d’attestatio­n quand on ne sait ni lire ni écrire et qu’associatio­ns et cours sont fermés ? Leur nom était ainsi relevé à chaque contrôle. Ils sont cernés. Et nous aussi qui voulons les aider sommes pris dans un réseau de surveillan­ce. Pendant plusieurs jours après le confinemen­t, certains, déjà mis à la rue par la fermeture des lieux où ils logeaient, n’ont plus trouvé la possibilit­é de se nourrir. Puissent ces quelques lignes en rejoindre d’autres et aider à ce que des portes s’ouvrent pour ces délaissés de la société.

ARANTELLE 36

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