LA FIN DES CATHÉDRALES OLYMPIQUES
Le football professionnel déconfine en ordre dispersé. L’Allemagne, frontières fermées, a relancé à huis clos sa Bundesliga, l’Italie reprend du service [...], et la France attend août pour rejouer. L’Angleterre s’isole tandis que le Brésil compte ses morts. La même anarchie règne dans de nombreuses disciplines. Le sport mondial [...] a sa part de responsabilité dans cette pandémie. Pour les JO, on a construit, sur le dos des peuples, des équipements en forme de cathédrales qui furent régulièrement abandonnés. On a aussi organisé les derniers Championnats du Monde d’Athlétisme dans le climat désertique du Qatar, et ceux de rugby au milieu des typhons japonais. On contraint les sportifs à faire dix fois le tour de la planète pour obtenir leurs précieuses qualifications. Il ne faut plus laisser faire. Le sport de haut niveau « d’après » doit s’organiser sur la base d’un partage raisonnable. Pourquoi ne pas imposer un moratoire de dix ans, avant de relancer les JO et la Coupe du Monde de Football sur des modèles « décarbonés » ? Supprimons le CIO et la Fifa, organismes ultralibéraux souvent secoués par la corruption. En substitution, le renforcement notable des prérogatives de l’Organisation des Nations unies, dans le domaine du sport, constituerait une solution. Une déclaration universelle des droits du sportif, dépassant largement le cadre de la Charte olympique ainsi que celui de toutes les initiatives privées déjà existantes, constituerait son socle. Le temps est à la raison et les outils existent. Une action régalienne, même imparfaite, ne peut pas faire de mal dans la sphère du « tout profit » sportif.
JEAN MARC LAPIERRE