LA PAUVRETÉ N’A PAS FAVORISÉ L’ÉPIDÉMIE
Comment expliquer que le Covid-19 n’ait pas touché de la même façon tout le territoire? La surmortalité a été forte en Seine-Saint-Denis alors qu’elle a baissé dans le Cantal, par exemple. Des facteurs sociaux ont-ils joué dans l’installation ou la progression de l’épidémie? Non, conclut le démographe Hervé Le Bras dans une étude pour la Fondation Jean-Jaurès, cartes et chiffres à l’appui:
« Il n’y a aucun rapport entre la progression de l’épidémie dans l’espace et le degré d’urbanisation, le niveau de pauvreté, la proportion de personnes âgées et la proportion d’immigrés originaires du Maghreb et de Turquie. Ce ne sont pas les départements les plus urbains, les plus pauvres, les plus vieillis, les plus concernés par l’immigration qui enregistrent les plus fortes croissances du nombre de décès, quinzaine après quinzaine. » L’épidémie a donc eu sa « logique spatiale propre », à partir de clusters et en progressant dans un rayon à mobilité réduite. Certes les lieux qui reçoivent des migrants en provenance de l’étranger ont été plus touchés (Paris, le Bas-Rhin, la Haute-Savoie, comme Londres, New York ou Madrid à l’étranger), mais ce facteur ne suffit pas puisqu’il n’explique pas, par exemple, le cas du Morbihan.
« C’est seulement lorsque l’épidémie s’est installée en un lieu que les différences démographiques et sociales prennent de l’importance, une grande importance », conclut Hervé Le Bras.